Page 167 - Les Kamasutra
P. 167
e. Lorsqu’une courtisane est bonne, même à ses dépens, pour un
homme très avare, ou fier de sa belle mine, ou pour un homme ingrat
habitué à conquérir des cœurs, sans qu’il en résulte pour elle, en fin
le compte, aucun bénéfice, cette perte s’appelle une perte de richesse
non accompagnée d’aucun gain.
f Lorsqu’une courtisane est bonne pour des hommes tels que ceux
récrits ci-dessus, mais qui, en outre, sont des favoris du Roi, cruels et
puissants, et cela sans aucun bon résultat final et avec la chance pour
elle d’être mise sur la paille à tout moment, cette perte s’appelle une
perte de richesse accompagnée d’autres pertes.
De cette manière, les gains et les pertes, ainsi que les gains et
pertes accessoires en mérite religieux et en plaisirs, sont exposés aux
yeux du lecteur, qui peut en établir aussi différentes combinaisons.
Ainsi finissent les remarques sur les gains et les pertes et sur les
pains et pertes accessoires.
Nous arrivons maintenant aux doutes, qui sont encore de trois
sortes, savoir : doutes sur la richesse, doutes sur le mérite religieux,
doutes sur les plaisirs.
En voici des exemples :
a. Lorsqu’une courtisane n’est pas certaine de ce qu’un homme
peut lui donner ou dépenser pour elle, cela s’appelle un doute sur la
richesse.
b. Lorsqu’une courtisane doute si elle est bien fondée à éconduire
tout à fait un amant dont elle ne peut plus rien tirer, attendu qu’elle
lui a pris toute sa fortune du premier coup, ce doute s’appelle un
doute sur le mérite religieux.
c. Lorsqu’une courtisane ne peut posséder un amant à sa fantaisie,
et ne sait si elle tirera jamais du plaisir d’un homme entouré de sa
famille, ou d’un individu de bas étage, cela s’appelle un doute sur le
plaisir.
d. Lorsqu’une courtisane ne sait si quelque personnage puissant,
mais malintentionné, ne lui causera pas de la perte au cas où elle
manquerait pour lui de déférence, cela s’appelle un doute sur la perte
de richesse.
e. Lorsqu’une courtisane doute si elle ne perdrait pas du mérite
167