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autant chargées de sacralité que le rituel lui-même, mais le rendant en
quelque sorte plus puissant par sa permanence. C’est ainsi que si, par
exemple, les rites agraires possèdent des structures analogues de la Chine à
la Méditerranée et jusqu’aux Amériques, l’infinie variation des thèmes
décoratifs qui les accompagnent permet à cour sûr de distinguer les régions
et les traditions au premier regard. Car, le plus souvent, le poids des valeurs
pèse davantage sur les variations stylistiques que sur les structures
universelles : c’est en effet là où se réfugie la singularité d’un groupe, donc
l’auto-reconnaissance individuelle.
Le cas des Balkans néolithiques est spécialement éloquent car les sociétés y
sont puissantes, anciennes, longues et diversifiées (Gimbutas, 1991 ;
Kozlowski, 1993), de telle sorte que leurs valeurs imprègnent encore les
campagnes où elles furent parfois approchées par des études
ethnographiques récentes. Dès lors, la mise en perspective des symboles
graphiques néolithiques y gagne une infinie richesse.
Les rythmes saisonniers
L’étude de Nicolaï Nikov (2004) illustre parfaitement cette relation entre les
rythmes naturels et les rituels sociaux préservés dans les campagnes de
l’actuelle Bulgarie. L’année s’amorce par un jeu de masques aux références
animales et agressives, telles les cornes de béliers. Ils incarnent et expriment
la rudesse de l’hiver à combattre. Des rameaux d’arbustes décorés y sont
opposés, intermédiaires entre sacré et réel, ils rétablissent la fécondité.
Durant les débuts de l’année solaire, l’eau est glorifiée pour sa force
purificatrice et magique, sous la forme d’une croix jetée à la rivière. C’est
aussi le moment de la fraternité au sein du groupe, spécialement les grands-
mères accoucheuses. Ensuite, les rituels portent sur le renouveau du soleil
levant et de la renaissance des défunts. Les relations parentales sont ensuite
renouvelées au printemps. Les animaux de trait (bovidés) sont honorés. Des
feux sont allumés et des flèches lancées. Cette période est aussi celle des
masques et déguisements pour chasser les mauvais esprits des champs et les
rendre fertiles. Les chevaux sont ensuite honorés afin d’assurer leur santé et
fertilité. Au mois de mars, les champs sont ensemencés après y avoir
enfoncé des branches incandescentes. Le retour du soleil est annoncé par
l’arrivée des hirondelles et des cigognes, accompagnées par des champs et
des sacrifices. Le mois d’avril est dédié aux femmes non mariées qui
exhibent leurs plus beaux apparats, en insistant sur la couronne, le décolleté
et le tablier. En avril, les dragons viennent tourmenter les jeunes filles, qui
sortent vainqueurs évidemment de ces « combats »… Les œufs sont peints
et les deux premiers pondus sont teints en rouge, couleur du dieu des
foudres ; ils sont gardés toute l’année car chargés de vertus curatives. À
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