Page 65 - Lux in Nocte 16
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qu’il s’agisse ici de contraintes mécaniques toutes différentes (peintures ou
               gravures sur statuettes). Les thèmes des oiseaux (ascension des vœux) et des
               serpents  (fertilité  et  dangerosité  des  sous-sols)  figurent  non  seulement  au
               titre de décoration mais aussi comme statuettes, ou les deux animaux, aux
               fonctions  opposées  mais  complémentaires,  furent  parfois  associés.  Les
               béliers,  si  souvent  employés  comme  thèmes  agressifs  dans  les  masques
               rituels actuels, abondent aussi sous forme de statuettes ou de décors gravés.
               Les losanges horizontaux figurent autant sur les robes des statuettes d’argile
               que sur les robes et tabliers actuels. Bien entendu, l’image de la femme est
               abondamment  reproduite,  dans  toutes  les  positions,  y  comprises  celles
               d’accouchement,  de  « déesses »  trônant  ou  hiératiques,  figées  comme  en
               réponse  à  une  pose  fixée.  Elles  rappellent  alors  toutes  les  images  où  les
               femmes  actuelles,  dès  qu’elles  portent  les  costumes  rituels,  se  dressent  et
               exposent les attributs de leur fonction sacrée, comme une affirmation, une
               exhibition de leur raison d’être et comme porteuses du destin du groupe. Les
               monstres, démons et êtres composites annoncent l’esprit du « dragon » des
               contes populaires actuels, courant la nuit dans les champs morts, au cœur de
               l’hiver.  Les  taureaux  et  les  oiseaux  rapaces,  si  courants  dans  les  rituels
               ethnographiques,  forment  la  base  de  décors  et  de  modelages  dès  le
               néolithique.  Des  statuettes,  interprétées  comme  symboles  de  mort  et  de
               résurrection  par  l’opposition  symétrique  de  leur  décor,  évoquent  la
               célébration coutumière de cette phase au creux de l’hiver solaire (solstice).
               Les œufs, sacralisés aujourd’hui (peinture et offrandes aux sillons), chargés
               de symbolique spontanée de la reproduction en germe, sont aussi un motif
               fréquent de décors gravés ou peints.

               Conclusion
               Ainsi,  trop  souvent  réduites  au  niveau  anecdotique,  les  activités  dites
               « folkloriques »  reflètent  en  fait  des  formes  d’équilibre  multimillénaires
               qu’une  société  s’est  structurée  pour  se  forger  une  identité.  Les  repères
               fondamentaux de la conscience collective y restent liés à des schémas dont
               le  sens  originel  fut  le  plus  souvent  perdu,  en  dépit  d’une  répétition
               perpétuelle. Les fêtes, les rituels, les costumes s’articulent aux rythmes des
               phénomènes saisonniers, des moments-clefs des activités économiques, des
               cycles  biologiques  de  la  vie  (mariages,  naissances,  morts  et  rappels  des
               défunts). Tout cela fonctionne en harmonie avec les mouvements célestes,
               les  jeux  des  planètes  et  des  étoiles.  Autant  de  solutions  forgées  aux
               palpitations  de  l’existence,  terrestres,  célestes  et  humaines,  ont  déterminé
               des formules, considérées comme « païennes » mais dont les valeurs n’ont
               jamais vraiment quitté l’esprit d’un peuple. Si on y est sensible et attentif,
               ces  formules  s’imposent  à  l’évidence,  tant  leur  goût  est  prononcé  et








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