Page 21 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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enfant du peuple  19

à manier la tchappa (une petite pelle), planter les pommes
de terre et conduire le tracteur. Les étudiants en médecine
et professions paramédicales dispensaient des soins gra.

tuits. « C'est l'ouverture de l'université algérienne sur les
réalités du pays », comme Boumediene se plaisait à le
répéter.

      Cette expérience pennit de briser un certain nombre
de tabous, notamment en matière de relations hommes-
femmes. La mixité était de règle, et les centaines de jeunes
filles autorisées par leurs parents à participer à ces actions
se retrouvaient souvent dans des brigades à majorité mas-
culine, sans que cela pose le moindre problème.

      En décembre 1974, à Ouled Moussa, localité distante

d'Alger d'une cinquantaine de kilomètres, nous étions
quatre garçons et une fille à dormir en toute fraternité dans
la bâtisse que la mairie nous avait affectée. À El Ayoune,
dans l'ouest algérien, Farida, étudiante en droit âgée de
vingt ans, n'avait pas le moindre complexe face aux douze
garçons qui l'entouraient durant l'été 1975. Elle participait

à tout, exprimait librement ses idées, et n'hésitait pas à
faire des remontrances ou donner des ordres à certains
d'entre nous.

      Quand, vingt ans plus tard, j'ai entendu des voix
s'élever pour décréter la mixité illicite et demander qu'on
sépare les femmes des hommes, jusque dans les transports
en commun, j'ai cru rêver.

      Un cauchemar, plutôt, quand on voit où ce genre
d'excès a conduit l'Iran, puis l'Afghanistan. Qui veut
recouvrir les Algériennes de ces tenues moyenâgeuses?
Quel genre d'homme a envie que les femmes deviennent
des êtres de seconde zone?

      J'affichais mes convictions politiques sans la moindre
crainte. En 1976,lors du débat sur la cbarte nationale,j'ex-
primai tout haut mon soutien aux revendications de la
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