Page 25 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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jeunes journalistes courageux (!btissem Bejaoui, Lyès
Ftaissa, Housse Abdelghani, entre autres) qui ont rejeté les
offres alléchantes des nouveaux propriétaires d'El Acil.
Le Libre résistera sept mois et demi. Le 15 août 1994,
ordre est intimé à la société d'impression de l'Est, orga-
nisme d'État, de ne plus tirer mon quotidien.
Cette suspension arbitraire était prévisible. Le Libre
dérangeait. Il était le premier à annoncer la nomination de
Liamine Zeroual au poste de président d'État en précisant
le jour et l'heure de son investiture; le seul à annoncer la
nomination du général Betchine comme ministre conseiller
auprès de Zeroual, vingt jours avant qu'elle ne soit offi-
cielle. Sous le titre « Zeroual choisit ses hommes)} j'avais
écrit un brûlot révélant les malversations de Betchine et sa
participation aux tortures d'octobre 1988. Le Libre était
aussi le seul journal à tendre le micro à Nacer Boudiaf,
pour dénoncer les commanditaires de l'assassinat de son
père. Les scoops régionaux étaient légion et mettaient à nu
la manipulation des institutions de l' État au niveau de la
ville de Constantine par la mafia locale.
Début novembre 1994, Le Libre est transformé en
hebdomadaire, afin de pouvoir le faire tirer dans une
irnptimerie d'Alger, qui me facturait le double du prix pra-
tiqué par les autres sociétés ! Quinze jours après la paru-
tion du premier numéro, je suis arrêté dans le bureau du
directeur de l'imprimerie par trois policiers des Renseigne-
ments généraux. C'est mon deuxième enlèvement de l'an-
née, après celui du mois d'avril, au cours duquel les sbires
du général Tewfik m'ont promis une balle dans la tête...
Cette fois, j'ai le dos au mur. Dans mes cinq prières
quotidiennes, je ne cesse de demander à Allah de sortir
indemne de cette épreuve.
Au commissariat central d'Alger, je suis accueilli et
très bien traité par l'inspecteur Mohammed Santoudji et