Page 69 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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parfaite illustration. Aucun des collègues ou des supérieurs
de l'assassin n'a été inquiété. Ce ne sont pas les trente
jours qu'ils ont passés aux arrêts, pour les besoins du scé-
nario, qui me démentiront. n est depuis longtemps l'inter-
locuteur officiel de la DST, et Betchine l'accuse
d'intelligence avec les services français.
Ceux qui l'ont connu de près, ct j'en suis, témoi-
gnent que le général Smail n'a jamais donné l'impression
d'être convaincu de la justesse des actions qu'il mène
contre les mouvements d'opposition. Il ne fait qu'exécu-
ter les ordres, en « bon militaire discipliné » qui tient à
son poste. Un poste qu'il a failli perdre, en 1989 et en
1990, lorsque Betchine sur instructions « venues d'en
haut» l'a démis de ses fonctions. Deux années plus tard,
il devenait numéro deux du Département du renseigne-
ment et de la sécurité.
Honnis une entreprise d'importation de médicaments
au nom de sa fille, Latifa, qui vit beaucoup plus en France
qu'en Algérie, on ne sait pas ce qu'il fait de l'argent qu'il
amasse. Il ne dépense même pas ses frais de mission quand
il se déplace à l'étranger. Il préfère rackerter les officiers
en poste dans les pays où il se rend.
L'un d'eux m'a raconté que, lors de l'un de ses pas-
sages dans une capitale européenne, il fit preuve d'une
voracité jamais vue. Non content de s'être payé un cos-
tume d'une valeur de sept mille francs, des vêtements de
luxe pour lui et pour sa famille, et douze flacons de parfum
de grandes marques, il a demandé à un sous-officier de lui
acheter un pyjama qu' il avait vu en vitrine mais n'avait pu
prendre avec lui, le magasin étant fermé. Évidemment,
tous ses achats, qui s'élevaient à plus de vingt mille francs,
étaient réglés par l'attaché militaire.
Gravement impliqué dans de nombreux crimes
mafieux, le général Smail a fmi par se faire une place dans