Page 65 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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hommes de l'ombre  63

visant à le liquider au temps de la guerre des clans ont

échoué.
      En 1994, alors qu'il était donné partant à la retraite

pour raisons de santé, il réussit à renverser la vapeur en
faisant appel à tous ses alliés, dont Larbi Belkheir, pour se
maintenir à son poste de cher de la gendarmerie nationale.

      Se déplaçant difficilement, Gheziel a quitté le
commandement de la gendarmerie nationale en 1999. Dis-
paru de la scène médiatique, il réapparaît le 1n novembre

2001 au côté de Mohammed Lamari, exposant son quintal
et demi de graisse aux yeux des téléspectateurs algériens
médusés.

      Cet assoiffé du pouvoir ne consentira jamais à rentrer
chez lui et à s'occuper de ses nombreuses affaires. Il est

nommé conseiller militaire de Abdelaziz Bouteflika, lors-
que ce dernier devient président de la République. « Quels
conseils pourrait-il prodiguer au chef de l'État, à part la
nomination de son épouse Badra Amarnra au Sénat, panni

le tiers présidentiel ? » ironise un ancien colonel de la gen4
dannerie.

      Pour l'avoir connu en octobre 1980, lors du séisme de
la ville d'El Asnam (aujourd'hui ChIef), où il était censé
organiser les secours, je peux affirmer que l'homme n'a

rien d'extraordinaire. L'image que je garde de lui est celle

d'un militaire qui avait du mal à entrer dans ses habits

tellement il était obèse. Alors que la ville sinistrée comp-
tait ses morts, il ne cessait de donner des ordres pour qu'on

lui apporte à manger et de quoi se distraire. Un jour, après
avoir passé plus de deux heures à table, il éprouva le
besoin de regarder la télévision. Il s'adressa alors à un
jeune lieutenant du commissariat politique, Siouda Aïssa,
en lui lançant de sa voix rocailleuse :

     - Hé ! Toi" le commissaire politique, va me cher-
cher une télé!
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