Page 67 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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jour, à avoir ce grade, ce qui lui confère la « légitimité»
de se voir déléguer les pouvoirs de ministre de la Défense
par ceux qui sont appelés à exercer officiellement cette
fonction.
Le président Boudiaf, qui sc méfiait de lui, a fini par
ordonner sa mise à la retraite, mais son ordre n'a jamais
été exécuté. Au contraire, ses pairs lui ont confié le
commandement des forces combinées - année, police,
gendarmerie - chargées de la lutte antiteIToriste. C'est là
qu'il a gagné sa réputation d'« éradicateur» et la sympa-
thie des démocrates, qui ont du mal à comprendre la
complicité entre la mafia des généraux et les groupes terro-
ristes. Il faut vraiment être naïf, ou méconnaître ces gens,
pour croire un seul instant qu'ils ont dcs convictions poli-
tiques ou idéologiques. Lamari se soucie peu de la ten-
dance politique du président de la République ou du
gouvernement. L'important, pour lui et ses complices,
c'est qu'on ne touche pas aux intérêts de la mafia. Qui l'a
entendu un jour protester contre la présence du Harnas de
Nabnah, ou du mouvement Ennahda d'Adami, ou du MRN
de Djaballah, qui ne sont pas moins intégristes que le FIS ?
Qui l'a entendu contester la décision de ses pairs de négo-
cier, à travers Smail Lamari, avec l'Armée islamique du
salut, le bras armé du FIS? Qui l'a vu réagir contre les
terroristes graciés qui se baladent dans les rues d'Alger et
d'autres villes du pays en narguant leurs victimes? Lui qui
a droit de regard sur les nominations des ministres, qui l'a
entendu dénoncer le retour des symboles de la décennie
noire et de l'intégrisme, Belkhadem, Amirnour et Messaa-
dia ? Qui veut nous faire croire que le général Mohammed
Lamari est un démocrate et un républicain, à part ses lar-
bins?