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562 FESPACO/BLACK CAMERA/INSTITUT IMAGINE 12:2
MTM : S’agit-il d’une commande ?
JS : Tous les graphismes sont originaux. Lorsque Samba et moi avons com-
mencé à parler du film, la phrase qui est remontée à la surface était « c’est
une histoire sur le pouvoir de la narration ». Une itération antérieure du film
comprenait un narrateur fictif, qui était animé, ce qui était amusant, mais une
idée terrible si vous êtes un réalisateur de documentaires indépendants à petit
budget avec un accès limité aux ressources. Et, si vous ne l’êtes pas, c’est pro-
bablement toujours une idée terrible (rires). Mais nous avions prévu que ce
conteur raconterait l’histoire légendaire d’Ousmane Sembène, et pour cela,
nous avons fait venir deux animateurs à Dakar et nous nous sommes installés
au Centre de recherche ouest-africain (CRAO) . Pendant plusieurs semaines,
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nous avons rassemblé des images et du matériel, et travaillé avec des stagiaires
et des étudiants en art locaux.
SG : A l’atelier, nous avons utilisé des animateurs locaux.
JS : Oui. Nous avons fait de belles choses et laissé la station d’animation à
Dakar, pour que les étudiants puissent continuer à travailler. Lorsque nous
sommes entrés dans la mécanique de la narration, l’idée de l’animation a re-
culé avec la dernière itération du film. Nous avons supprimé toute la banque
d’images et imprimé les photos animées pour créer des chapitres dans le film.
La narration d’un film dont l’histoire s’étend de 1923 à 2007, au cours d’une
période de troubles politiques et sociaux dont peu de gens en Amérique ont en-
tendu parler, était un défi, nous avons donc structuré le film en chapitres et les
animations ont servi de têtes de chapitre.
MTM : Ils fonctionnent bien en tant que jump cuts pour faire une pause et une
transition vers le mouvement ou le chapitre suivant du film.
SG : Exactement. Elles ont cette fonction.
MTM : La plupart des séquences historiques étaient très émouvantes. Pro-
viennent-elles des archives de Sembène ?
JS : Des archives publiques en Casamance [Sénégal] et à Marseille.
SG : Du documentaire Afrique 50, de René Vautier , où les africains n‘avaient
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pas droit à une caméra pour faire leurs propres films en Afrique.
JS : Nous avons également travaillé en étroite collaboration avec les archives
de Sembène pour obtenir des images, ainsi qu’avec les archives de Paulin
Vieyra pour obtenir des images des coulisses de …

