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             cuments inédits, d’être comme un fils à qui il se confiait, il n’y avait personne
             d’autre pour raconter son histoire. Par conséquent, nos histoires se sont en-
             tremêlées.

             JS : Ma réponse à votre question est différente de celle de Samba, car il est
             exactement ce que Sembène a voulu faire. Lorsque vous créez une œuvre d’art,
             vous ne savez pas quel impact elle aura sur le monde. C’est une histoire dans
             laquelle vous voyez l’artiste au travail et vous voyez l’art, et vous voyez exac-
             tement comment l’art a un impact sur le monde.

             MTM : Dans ce sens, Samba lui-même est l’art de Sembène ?
             JS : Il est le produit de l’art. Dès le début, Sembène a cherché à créer des his-
             toires qui donneraient du pouvoir à son peuple. Et Samba est un homme qui
             s’émancipe grâce à ces histoires. Et c’est en soi une belle histoire, même si
             leurs chemins ne se sont jamais recroisés.

             MTM : Je comprends.

             JS : Nous sommes en présence d’un cycle vertueux d’influence, où Sembène a
             décidé de raconter des histoires pour donner du pouvoir aux gens, et sans le
             savoir, il a influencé un jeune garçon qui a lu son livre et qui a allumé une am-























             Photo 9. Image animée tirée du documentaire Sembène ! Les trois films consécutifs de Sembène, Emitaï
             (1972), Xala (1975) et Ceddo (1977), sont considérés comme sa « trilogie rebelle ». Capture d'écran
             par l'auteur.
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