Page 79 - Livre2_NC
P. 79

70                       FESPACO/BLACK CAMERA/INSTITUT IMAGINE 12:2

             et d'éducation publique. Dans la plupart de ces productions, le médium est
             utilisé pour enseigner aux africains des méthodes modernes d'agriculture,
             de médication, de banque, de fiscalité, d'hygiène personnelle, d'urbanisme
             et de développement, de mobilisation des jeunes, de programmes d'auto-
             assistance communautaires, etc.
             Les films ne présentent pas les africains comme manquant de connaissances
             dans ces domaines ; ils les représentent plutôt comme faisant les choses de
             manière traditionnelle et démodée. L'accent est donc mis sur l'utilisation du
             média comme une aide au processus de modernisation. D'une part, le ci-
             néma africain colonialiste était et est essentiellement sponsorisé par des in-
             térêts commerciaux privés, et il revendique l'Afrique par la représentation
             de stéréotypes colonialistes conventionnels d'africains dans la culture eu-
             ropéenne.

                       Ainsi, l'absence de critères critiques ou de propositions théo-
             riques systématiquement argumentés pour qualifier un film d'Africain, a
             fait que la critique du cinéma africain est souvent restée silencieuse, et a
             négligé plusieurs questions importantes nécessaires à une évaluation cor-
             recte du domaine. L'objectif de cette étude n'est pas de proposer un cadre
             théorique pour la critique du cinéma africain postcolonial. En distinguant
             correctement les deux types de pratiques cinématographiques coloniales,
             et en comparant ensuite ces deux pratiques avec les pratiques cinématogra-
             phiques africaines contemporaines, les racines des pratiques actuelles seront
             non seulement formellement établies, mais leurs caractéristiques distinc-
             tives deviendront également apparentes. En substance, j'essaierai de définir
             les différentes pratiques qui ont précédé le cinéma africain contemporain.

                       J'ai tenté de mettre en évidence certains des problèmes métho-
             dologiques qui affligent la critique du cinéma africain, ainsi que de fournir
             les critères critiques permettant de distinguer les deux types de traditions
             cinématographiques. J'ai également examiné le contexte historique du ci-
             néma africain colonialiste et entrepris une analyse de Sanders of the River
             de Zoltán Korda (1935, Royaume-Uni) comme étude de cas de la pratique
             cinématographique.

                       Certains termes doivent être définis. Par discours de cinéma afri-
             cain colonialiste, j'entends les représentations européennes des africains,
             qu'elles soient continentales ou diasporiques, qui utilisent les concepts mé-
             taphysiques européens, ses valeurs morales, son éthique et son esthétique,
             pour juger par la représentation ceux d'afrique comme des imitations ou des
   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84