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Femi Okiremuete Shaka / La politique de conversion culturelle   71

          types inférieurs des originaux européens. J'utiliserai le terme « colonialiste »
         pour qualifier et distinguer ce mode de discours afin d'éviter les générali-
         sations qui donneraient l'impression erronée que toutes les représentations
         européennes de l'afrique et des africains sont colonialistes. Mais surtout,
         j'utilise le terme « africain » pour qualifier l'expérience africaine dans le
         discours colonialiste en général. C'est dans ce sens que j'utiliserai des termes
         tels que discours africain colonialiste, littérature africaine colonialiste et ci-
         néma africain colonialiste.
         Problèmes méthodologiques dans la critique du cinéma
          africain colonialiste

                   L'étude du cinéma africain colonialiste, contrairement à la litté-
         rature africaine colonialiste, sur laquelle la majorité de ses textes sont basés,
         est restée un domaine négligé dans la recherche sur le cinéma africain. Les
         études qui ont été menées sur la représentation des africains au cinéma trai-
         tent essentiellement des images des afro-américains dans le cinéma améri-
         cain. Des études telles que celles menées par Noble, Mapp, Bogle, Leab,
         Cripps, Nesteby, etc., ne traitent que tangentiellement de l'Afrique en vertu
         de l'origine africaine des afro-américains. La seule exception à cet égard
         est l'ouvrage de Richard Maynard, L'Afrique au cinéma, mythe et réalité
         /Africa on Film, Myth and Reality. Cependant, cette collection d'essais d'his-
         toriens, d'anthropologues et de journalistes poursuit des arguments qui sem-
         blent assimiler la représentation à la réalité. Stam et Spence ont remis en
         question la validité d'une telle approche méthodologique des études fil-
         miques colonialistes : ces études du colonialisme et du racisme filmique
         ont tendance à se concentrer sur certaines dimensions du film, la représen-
         tation sociale, l'intrigue et le personnage. Tout en posant des questions lé-
         gitimes concernant la plausibilité narrative et l'exactitude mimétique, les
         stéréotypes négatifs et les images positives, l'accent mis sur le réalisme a
         souvent trahi une foi exagérée dans les possibilités de vraisemblance de
         l'art, en général et du cinéma en particulier, évitant le fait que les films sont
         inévitablement des constructions, des fabrications et des représentations  .
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                   En dépit de la question soulevée par Stam et Spence, je dois
         souligner que l'argument essentiel poursuivi dans les ouvrages, le rejet des
         images stéréotypées noires dans la pratique savante et cinématographique
         euro-américaine, n'est pas ce qui est remis en question. S'il est vrai que les
         historiens et les critiques de films noirs poursuivent souvent des arguments
         qui semblent assimiler les représentations des noirs à celles des noirs, il ne
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