Page 110 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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AMSTERDAM
Ces quelques mois passés chez Maitre Couturier me semblaient
tellement linéaires, interminables, et en totale contradiction avec ma
vie nocturne. Paradoxalement mon cercle d'amis s'agrandissait alors
que mes aspirations professionnelles me semblaient sans issue.
Mes deux amis étaient absents, jusqu'au jour où Larry rentra de
Kuala-Lumpur. Il avait apporté avec lui sa célébrité diffusée dans les
journaux locaux, et tout un stock de chemises de style batik, dans
l'espoir de les revendre à Paris. C'est ainsi que nous avions décidé de
nous rendre au marché aux Puces Porte de Clignancourt, pour tenter
de liquider le stock de chemises. Il était facile à cette époque
d'installer un stand provisoire, sans aucune réglementation. Hélas,
après deux weeks-end passés aux Puces, sans grand succès, il était
évident que ces chemises n'intéressaient personnes. Nous avions
également tenté de les proposer dans différentes boutiques des
quartiers Saint-Germain ou Saint-Michel, mais nos talents
commerciaux s'étaient révélés totalement nuls, au point que ces
chemises commençaient à nous peser. Elles furent donc oubliées
quelques temps.
J'étais de plus en plus lasse de mon job chez le notaire et de
toutes ces faces de "croquemorts" qui m'étaient devenues
insupportables.
Un jour Larry m'annonça son intention d'aller faire un petit
séjour à Amsterdam et me suggéra de l'accompagner. Après avoir
longuement réfléchi, je larguais définitivement la chambre de la rue
de Siam et je quittais définitivement le notaire sans oublier
d'accomplir toutes les formalités nécessaires. Ma vie de l ‘époque se
résumait alors à un sac de voyage et à mon ami Larry, qui se
retrouvait lui avec deux sacs de voyages, le plus volumineux
contenant le stock des fameuses chemises batik.
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