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CHEZ GUY LAROCHE







                     A vrai dire c'était une époque dorée. Je n'imaginais même pas la
              chance qui m'avait été offerte avec cette opportunité d'entrer chez un
              couturier parisien, avenue Montaigne par la grande porte ! Avec le
              temps j'avais fini par trouver cela normal, malgré quelques candidats

              qui se présentaient au studio, bardés de diplômes, venant proposer
              leurs services à M. Laroche, qui leur annonçait n'avoir besoin de

              personne. Elle était loin derrière moi, l’époque à croupir dans un
              bureau derrière une machine à écrire, comme mon tout premier job,
              et partager mon temps professionnel avec des gens d'une mentalité

              différente, là j’étais totalement dans mon élément.


                     Chaque matin j'arrivais à la boutique Guy Laroche, que je
              traversais, avant de prendre l'ascenseur qui me conduisait au studio,
              et au passage je m'aspergeais à profusion de parfum, devenu par la

              suite un rituel quotidien, puisqu'il trônait en permanence sur un
              présentoir ostentatoire. J'adorais ce merveilleux parfum, Fidji, qui
              faisait désormais partie de ma vie. J'en étais totalement imprégnée,

              comme une seconde peau. Je continuais également à arborer
              pratiquement tout le temps des tenues plutôt excentriques, mais de
              bon goût, plus ou moins avant-garde, que je retrouvais revisitées la

              plupart du temps dans les collections en cours. Les tenues que
              j’arborais étaient pourtant en total décalage vestimentaire de
              l'époque.


                     Le fait de travailler chez un couturier stimulait mes neurones et

              donnait libre cours à mon inspiration. J'étais d'ailleurs assez souvent
              complimentée par M. Douvier, le directeur artistique, et je me

              souviens avoir un jour prêté à M. Laroche, une de mes tenues que
              j'avais personnellement réalisée. Il l’avait tellement aimée qu'elle
              figurait dans une collection, à l'identique jusqu'à la matière
              employée pour sa réalisation.



                     C'était plutôt flatteur pour moi l'idée d'être appréciée des deux
              "Guy", ce qui était réciproque d'ailleurs, pour leur gentillesse à mon




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