Page 170 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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De plus, je m’étais chaussée chez Charles Jourdan à moindre
frais, les bureaux de presse se situaient à deux pas de l'avenue
Montaigne, rue François 1 plus exactement, et il y avait toujours de
er
très jolies chaussures, prototypes à ma taille, à des prix défiant toute
concurrence !
Ce soir là, accompagnée du charmant Branco, j'étais plantée
devant le buffet, bien en évidence et sans prêter attention à cet
environnement, je me servais généreusement de caviar, lorsqu’une
voix qui ne m’était pas inconnue m'interrompit. Je me retournais,
stupéfaite, devant mon employeur de couturier qui me dévisageait de
la tête aux pieds, avec un grand sourire presque ironique. J'en étais
toute confuse de honte et probablement le visage aussi rose que ma
robe, non pas pour le regard admiratif du couturier sur la tenue que
je portais, mais parce que je venais de me faire prendre en flagrant
délit avec le boa emprunté dans la nouvelle collection en cours.
Finalement, M.Laroche rompit la glace, complimentant mon
élégance dans cette superbe tenue qui m'allait comme un gant !
Je lui répondis avec répartie et un grand sourire non moins complice :
"Guy Laroche, Monsieur" !
Inutile de rajouter que dès le lendemain matin, j'arrivais pour
une fois avenue Montaigne, très ponctuelle, passant par la boutique
m'aspergeant comme de coutume de ce merveilleux parfum Fidji, et
je m'empressais de remettre discrètement le boa de soie, avec la robe
de collection qui lui était attribuée, ni vue, ni connue, je m'étais jurée
qu'on ne m'y reprendrait plus !
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