Page 174 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
P. 174
C'est ainsi que je me rendis au théâtre, dans cette merveilleuse
tenue, devant de nombreux regards admiratifs, et je me régalais de
cette prestation avec des comédiens tels que Jean Piat et Maria
Pacôme.
La première partie de la pièce s'acheva avec succès. À ce
moment là je me levais comme toute la salle, pour applaudir ce
succès, avant d'aller me désaltérer d'une coupe de champagne en
charmante compagnie. Soudain, j'eus une sensation désagréable et
douteuse, je n'osais pas trop y croire, mais le pire venait d'arriver, à
la sublime robe prévue pour le défilé du lendemain! C’était une
véritable catastrophe de me retrouver, ou plutôt la robe en question,
devant un incident technique féminin grave et inattendu, une
véritable poisse ! Toute confuse et paniquée, j'en informais à voix basse,
mon acolyte qui alla récupérer la cape dans laquelle je m'enroulais pour
camoufler cette horrible indiscrétion, avant de m'enfouir sur le siège
arrière du taxi qui m'était destiné, prenant soin de ne pas m’asseoir mais
de rester sur les genoux durant tout le trajet, pour ne pas amplifier cette
catastrophe.Je rentrais chez moi, me précipitant vers la salle de bains afin
de réparer ce fâcheux incident au plus vite, et fis couler l'eau froide à
profusion dans la baignoire, tout en priant le ciel pour que cette merveille
de robe ne soit pas trop endommagée. Puis je la suspendis sur un cintre,
afin qu'elle sèche rapidement sans trop se froisser, et je me promis de
l'emmener le lendemain à la première heure chez Pouyanne, maître
teinturier de toute la haute-couture …Mais je n'en étais pas encore là, et
j'avais promis à mon compagnon resté au théâtre pour le second acte, de
le rejoindre au plus vite, afin de terminer cette soirée en beauté …
J’avais raté la seconde partie de la pièce de théâtre, aussi je
m’empressais de revêtir une robe de dentelle noire pour retrouver Branco
« Chez Julien » notre restaurant du moment, où il m’attendait comme
convenu, j’arrivais digne et souriante comme si tout était parfait dans le
meilleur des mondes. Cette seconde partie de soirée se déroula
agréablement, et j’évitais de penser aux conséquences inévitables de la
robe empruntée malhonnêtement, qui séchait dans ma salle de bains.
173