Page 182 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
P. 182

Pour le déjeuner, je fus accueillie au restaurant, telle une grande
              personnalité, et je fus confortablement installée par le maître d’hôtel
              qui me tendit la carte des spécialités de l’établissement. Je me
              réjouissais déjà à l’idée de me régaler de ces délicieux plats proposés.

              Ce ne fut pas le cas, puisque pendant tout le déjeuner, deux chefs de
              rang et le sommelier étaient plantés à mes côtés, observant les

              moindres de mes faits et gestes afin d’être le plus attentifs possible à
              mon service et appréciation. Cette situation me mis mal à l’aise, et
              j’avoue qu’après une nuit passée dans un train, j’aurai volontiers
              apprécié ce délicat repas, seule, sans être dérangée. Je quittais donc la

              table souriante et courtoise tout en me disant qu’on ne m’y
              reprendrait plus.


                    Il fallait ensuite s’occuper de l’organisation de la collection pour
              le défilé qui avait lieu dans l’après-midi, et tout se déroula sans

              problème. Je n’étais pas trop satisfaite du passage des filles, mais il
              est vrai qu’il n’y avait eu aucune répétition, et qu’on était loin des
              défilés parisiens. Le succès fut néanmoins au rendez-vous. J’en

              informais mon employeur.

                   Je terminais la soirée seule, comme je le souhaitais, dans un

              restaurant situé sur la Croisette, avant une bonne nuit de sommeil
              réparateur, afin d’organiser un nouveau défilé qui devait se dérouler
              au Palm Beach qui fut très applaudi. Je terminais cette seconde soirée

              en invitée chez les gérants de la boutique Laroche qui me posaient
              mille questions sur la maison mère et son couturier, je restais
              néanmoins très réservée à ce sujet.


                   Cette petite aventure cannoise semblait réussie, excepté les deux

              nuits passées dans ce bel établissement de Cannes qui me laissèrent
              un souvenir amer. J’avais été invitée accueillie dans ce palace, et on
              m’avait réservé une magnifique chambre, où je passais deux nuits
              blanches, car la chambre qui m’était attribuée donnait sur la ligne de

              chemin de fer où les trains de la gare de Cannes passaient
              régulièrement. Néanmoins, je n’avais pas osé m’en plaindre à la

              direction.




                                                                                                         181
   177   178   179   180   181   182   183   184   185   186   187