Page 180 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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Un autre jour M. Laroche m’avait un peu vexée, me demandant de
ramasser les épingles dispersées sur le podium, acte que j’aurais pu
accomplir bien évidemment, mais avec mon statut de « privilégiée »,
il me semblait que cette tâche ne figurait pas dans mes attributions.
Vexée, et pour me consoler, j’avais décidé de me rendre chez un
couturier voisin et vendre quelques-uns de mes dessins. Ce
concurrent était situé sur le même trottoir de l’avenue Montaigne.
J’avais pris rendez-vous avec M. Jean-Louis Scherrer, et j’avais ce
jour-là, emprunté et porté, sans aucun complexe, une tenue de haute-
couture. Le couturier me reçut avec gentillesse, simplicité et
beaucoup de courtoisie. Je participais même à l’un de ces entretiens
avec une cliente importante, puisqu’il s’agissait de la première dame
de l’époque, Anémone Giscard d’Estaing. Puis pour s’excuser de ce
contretemps, il apporta beaucoup d’attention aux dessins de tissus
que je lui présentais, et m’en acheta plusieurs.
Ravie, je sortais de la maison de couture Jean-Louis Scherrer,
heureuse de mon entreprise et soulagée, réalisant que je pouvais bien
me consacrer à autre chose que de ramasser des épingles éparpillées
sur un podium de couturier…
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