Page 183 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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MASSOUD L’AFGHAN
Je ne pouvais m’imaginer que Massoud Zïai, figurerait dans
mes mémoires, or certains évènements survenus en 2018 m’ont
remémoré cette période sur laquelle je reviens.
J’étais en discothèque, le célèbre Club 7, avec mes amis,
lorsqu’un grand jeune homme brun, dans le style de Julien Clerc,
s’approcha très souriant. Il semblait auréolé de lumière et de bonne
humeur. Après nous être présentés, nous avions dansé et discuté
toute la soirée, avec promesse de nous revoir. Ce qui fut fait, puisqu’il
devint mon petit ami de l’époque. Il me fit rencontrer son père, moitié
normand par sa mère, moitié afghan par son père, il était la réplique
physique de l’acteur James Coburn et partageait sa vie avec une
française. Il avait quitté Kaboul depuis l’intrusion soviétique au
début des années 70. Divorcé de son épouse afghane, partie se
réfugier aux Etats Unis, il avait emmené avec lui à Paris, son fils
Massoud.
Les sorties avec Massoud était toujours placées sous le signe de
la bonne humeur, les fous rires et la joie de vivre étaient permanents.
Il était beau et drôle mais une partie sombre de Massoud me
questionnait, il avait en fait perdu son frère jumeau, et malgré ma
curiosité pour tenter de comprendre ce drame, je n’ai jamais réussi à
apprendre ce qui était arrivé, il se braquait devant toutes mes
questions restées sans réponse. Néanmoins, sa joie de vivre faisait
rayonner nos soirées, à tel point que nous étions invités partout.
Son père m’avait totalement adoptée, et il était arrivé de nous
rendre en Allemagne pour visiter d’autres membres de la famille,
dont une tante mariée à un diplomate américain. Nous avions
beaucoup ri, discuté et dîné traditionnellement sur un tapis, à la
façon afghane, sans couvert, appréciant les délicieuses spécialités de
leur pays d’origine.
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