Page 237 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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ARISTOS ET ASSISTANTES
Avec le temps et le succès grandissant, de nouvelles et nombreuses
clientes notamment en provenance des États-Unis s’annonçaient et les
collections prenaient de plus en plus d’importance, puisque s’ajoutaient aux
clientes particulières, une liste de boutiques situées à New-York sur la 5 ème
avenue, chez Goldman Sachs, ou Bloomingdale et j’en passe etc…. Il fallait donc
se réorganiser.
Durant les périodes intenses de collections l’équipe du studio
s’agrandissait de quelques jeunes assistantes, qui je pense s’étaient retrouvées
au studio soit par relations professionnelles soit issues de familles aristocrates
en relations avec la Vicomtesse. Parmi elle, il y avait cette jeune assistante Alix
de Valois, devenue une grande artiste peintre. Elle semblait tout à fait apte à
nous épauler puisqu’elle était particulièrement douée en dessins. Comme nous
n’avions pas de photocopieuse d’encre de couleurs, il était convenu que son
stage consistait à reproduire des croquis de tous les modèles de la collection
qui atteignaient un peu plus de soixante-dix modèles. Elle était très
sympathique, et je lui avais expliqué gentiment que ce job nécessitait une
certaine application et une grande rapidité d’exécution. J’avais l’impression
qu’elle n’avait pas très bien saisi le sens de mes recommandations et semblait
participer à une séance de coloriage dans un salon de thé. Je me retrouvais
entre l’empressement de mon employeur pour obtenir quelques exemplaires
de croquis déjà réalisés, et le peu de dessins produits par cette stagiaire de
haute noblesse. La pression retombait systématiquement sur moi, et lorsque la
Vicomtesse m’interpella au téléphone, très énervée au sujet des croquis, je
décidais d’aller la voir dans ses appartements pour tenter de calmer son
agacement en expliquant la situation. Elle me reçut de façon désagréable,
d’autant plus que je m’étais assise, attendant qu’elle daigne m’accorder un
moment. Le fait de me voir assise chez elle de ma propre initiative, la fit réagir
furieusement. Excédée de faire l’intermédiaire entre deux situations totalement
opposées et d’en subir les conséquences, je lui répondis fermement que faute
d’avoir un nom à particule, j’étais indubitablement professionnelle ! Ce qui la
calma aussitôt.
Il y avait toutefois une jeune et jolie assistante, qui observait avec réserve,
l’effervescence du studio, tout en s’amusant de mes initiatives. Il s’agissait de
Virginie Viard qui devint par la suite l’assistante de Karl Lagerfeld et depuis le
décès du créateur la nouvelle directrice artistique chez Chanel.
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