Page 241 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LES ROBES JUMELLES





                         La Vicomtesse qui jusqu’alors s’habillait chez Yves-Saint-Laurent et Dior,
              avait désormais pris l’habitude de se faire réaliser quelques modèles de sa
              dernière collection sur mesures. Elle les portait avec une grande élégance, lors
              de ses diverses sorties, galas du soir, ou rendez-vous et dîners importants en
              ville.

                        Un jour Florence nous annonça être conviée à l’une de ces grandes soirées
              mondaines, où il était préférable d’arriver en tenue particulièrement élégante.
              Elle s’habillait en prêt-à-porter de grands noms, mais ne possédait pas de robe
              longue. Nous lui avions conseillé de se renseigner pour obtenir la permission
              d’emprunter une robe de la dernière collection. L’idée était bonne et son choix

              se porta sur une magnifique robe longue en panne de velours bleu nuit
              tachetée de blanc. La robe lui allait à merveille, après quelques retouches
              provisoires réalisées par les ateliers.

                        Le grand jour arriva, et Florence emballa soigneusement la robe dans du
              papier de soie, afin qu’elle soit bien protégée jusqu’à ce qu’elle la porte. Il me
              semble d’ailleurs qu’elle était partie un peu plus tôt pour se préparer à ce grand
              évènement. Nous étions ravis pour elle, attendant impatiemment les suites de
              cette soirée tant attendue.

                        Le lendemain matin, dès son arrivée au studio, elle prit soin de remettre la
              robe sur le portant, là où elle l’avait trouvée, puis nous raconta sa soirée, à
              grands éclats de rire. Elle s’était retrouvée face à une situation inattendue, la
              rencontre de la Vicomtesse dans la même soirée où toutes les deux s’étaient
              retrouvées nez-à-nez avec la même robe !


                        Inutile de vous dire que le lendemain, n’osant s’adresser directement à
              Florence, notre employeur avisa sur un ton plutôt impératif, qu’en aucun cas,
              les techniciennes du studio ne devaient porter ses créations.

                        Florence avait omis de demander la permission d’emprunter la robe pour
              se rendre à ce gala.





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