Page 243 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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COMPÉTITION DE LIFTINGS
De retour à l’hôtel particulier, suite à un rendez-vous en ville, la concierge
m’ouvrit la porte et semblait particulièrement agitée. Tout en levant les bras au
ciel, elle m’expliqua que Joan Collins venait d’arriver dans les salons du rez-de-
chaussée, attendant la Vicomtesse afin de sélectionner quelques tenues de la
dernière collection. Elle ajouta que mes yeux me mangeaient le visage et étaient
bien plus grands que ceux de l’actrice qui l’avait finalement déçue physiquement.
Je précise toutefois qu’à cette époque, plusieurs personnes me trouvaient une
certaine similitude physique avec l’actrice et l’un de mes amis m’avait rebaptisée
« La fille de Joan Collins ». Je n’y prêtais guère attention, mais puisqu’elle était là,
une certaine curiosité m’avait poussée à la rencontrer. Florence étant absente, je
décidais de m’occuper de l’actrice en attendant l’arrivée de la Vicomtesse. Je dois
avouer que si le personnage interprété dans une célèbre série télévisée, me
plaisait par son attitude incisive et autoritaire, identique dans la réalité, il ne me
plaisait guère. Je décidais donc de prendre de la distance jusqu’à l’arrivée de la
Vicomtesse qui reçut la star avec beaucoup de courtoisie et de gentillesse. Ce ne
fut pas le cas de Joan Collins, qui lui demanda avec une touche d’ironie
interrogative, ce qui lui était arrivé pour arborer une telle mine ridée et
désastreuse. La Vicomtesse imperturbable et souriante, prétexta un manque de
sommeil la nuit précédente pour couper court à l’odieuse remarque de l’actrice
qui ne fit d’ailleurs aucun achat après avoir craché son venin.
Un peu plus tard j’étais convoquée dans ses appartements de la Vicomtesse.
Je m’attendis à quelques instructions de sa part et fus surprise de voir étalées
sur son bureau quelques photos d’elle et de Joan Collins. Elle était finalement
entrée dans le jeu sadique de l’actrice m’expliquant amèrement que celle-ci
pouvait se permettre ce genre de remarque, parce qu’elle avait déjà quelques
chirurgies esthétiques d’avance sur elle. J’avais l’impression d’assister à un
règlement de compte entre deux gamines de maternelle. Elle attendait une
réponse de ma part, et je coupais court la discussion en passant à un sujet
professionnel. J’estimais que le fait d’apporter mon appréciation et évaluation
sur leur liftings respectifs était totalement en dehors de mes attributions
professionnelles.
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