Page 71 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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J’y restais trois mois qui furent pour moi une véritable révélation. Je

              découvrais en effet des paysages sublimes, une lumière différente et des
              promenades au grand air sur les chemins de montagnes. Un peu plus haut, lors
              d'une grande ballade où l’air semblait me bruler les poumons, j'aperçus des

              chamois sur le flanc des montagnes. J'eus également vers la fin de mon séjour,
              droit au retour de la transhumance, avec toutes ces vaches qui portaient des

              colliers de fleurs multicolores, auxquels s’ajoutait le tintamarre joyeux de
              cloches annonçant le retour à la ferme et le changement de saison.


                      Nous étions logés dans un immense chalet, et le séjour était rythmé, par

              des règles de vie assez souples, mais avec des repas équilibrés à heure fixe et je
              commençais à apprécier les spécialités régionales. La grande variété de

              légumes ou de fruits que je découvrais ne se trouvait pas partout à cette
              époque, et notamment dans la région du Nord. C'est ainsi que je dégustais mon

              premier plat de courgettes et de courges dans cette région du Dauphiné.

                      J'écrivais régulièrement à mes parents qui me manquaient bien

              évidemment, mais un tel changement dans ma vie m'aidait à supporter la
              séparation, à tel point que j'aurais volontiers accepté d'y rester un trimestre

              supplémentaire.


                      Ces trois mois s'écoulèrent trop vite et déjà c'était le moment de
              retrouver les miens. Je regagnais le Nord, accompagnée d’une personne,

              déléguée par la Sécurité Sociale de l’époque, et j’arborais une mine superbe
              avec six kilos supplémentaires. A mon retour, je trouvais le Nord morne et

              triste comparativement à cette région du Dauphiné que je quittais
              définitivement, pour retrouver ma famille et le bistrot. Je venais de perdre un

              trimestre de ma scolarité et bien que très bonne élève, il me fallut redoubler, ce
              qui m'avantagea finalement.


                      Je gardais un excellent souvenir de ce séjour et un goût définitif, assez

              prononcé pour une grande variété de légumes, ce qui changeait de la région du
              Nord où l'on appréciait particulièrement les frites ou les pommes de terre

              servies pratiquement à tous les repas.






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