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Malgré les injections ….

                 Des espaces de libertés existent et persistent




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                                                                                                         Barbara Kruger

             Le corps est un objet de savoir-pouvoir, mais aussi un
     instrument subversif et de construction de soi.
     Des  corps  sexués  socialement  aux  corps  rusés,  comme  le

     montre l’exemple des Drag Queen ou des mouvements queer et
     « gender  fluid ».  Le  corps  peut  être  un  contre-pouvoir  de  la

     logique binaire, c’est à travers sa réappropriation que certaine
     femme tente de produire des connaissances de soi, par soi. Le

     corps est toujours un espace de lutte.

           En France, la ménopause et ces traitements ont  d’écoféministes,  d’anticapitalisme  touchant  le  secteur

    peu été remis en cause, contrairement aux Etas-Unis.  de  la  santé.  La  dénonciation  de  l’accaparation  des
    Le mouvement pour la santé des femmes s’est « élevé  hommes  des  savoirs  et  expériences  corporelles  et
    contre  une  profession  médicale  masculine  et  a  sensibles  des  femmes  –  de  l’accouchement  à  la

    revendiqué le droit des femmes à être actrices de leur  ménopause (Koechlin, 2019). Cet héritage a permis le
    santé » (Charlap, 2014b), comme avec l’étude critique  développement  de  l’auto-gynécologie  aux  Etats-Unis,
    envers la prise hormonale (THS) par la Women Health  qui  est  même  enseignée  aux  sages-femmes.  Mais  des
    Initiative  (WHI)  au  début  des  années  2000.  En  se  mouvements  et  collectifs  écoféministes  voient  le  jour
    réappropriant les discours, les remettant en question,  en France dans les années 2010, proposant des ateliers

    elles  ont  développé  des  savoirs  alternatifs.  En  ou des réunions autour de l’auto-gynécologie, touchant
    conséquence, aux Etats-Unis, la prescription des THS  donc ce qui concerne la contraception, la sexualité, les
    ont subi une chute de plus de 50%, alors qu’en France  traitements de la ménopause, etc. « auquel s’ajoutent
    de  seulement  19%  (Ibid).  La  WHI  a  entrepris  une  d’autres  aspects,  notamment  la  réappropriation  du

    forme  de  retournement  du  rapport  de  pouvoir,  par  corps  et  des  représentations  qui  y  sont  liées »  (Ibid).
    l’élaboration de savoirs sur leurs propres corps.        D’après  Koechlin,  ces  pratiques  sont  à  comprendre
           Les  mouvements  féministes  dans  les  années  dans  une  critique  globale  du  « pouvoir  médical »  mis
    1970,  aux  Etats-Unis  ont  joué  un  rôle  important,  en  œuvre  sur  le  corps  des  femmes,  qui  est  aussi  une

    permettant une action politique collective. Alors qu’en  dépossession de leurs propres corps. Les ateliers d’auto-
    France,  la  lutte  pour  l’IVG  et  les  contraceptions  gynécologie  permettent  aux  femmes  « d’atténuer  une
    restaient  les  principaux  combats.  Après  l’acquisition  relation  dyssimétrique  avec  le  corps  médical »  sans

    des droits, la ménopause et les discours médicaux n’ont  pour autant rompre entièrement
    pas  été  abordés  ni  remis  en  question,  ce  qui  fait  que  avec   celui-ci.       Ce
    son traitement social s’est profondément « ancré dans  décloisonnement  des  savoirs  est
    le  cadre  médical »  (Ibid),  laissant  donc  peu  d’espace  une  forme  « d’empowerment »,
    hors l’expérience médicale.                              s’inscrivant  dans  des  pratiques

           Ces  mouvements  ont  laissé  un  héritage  politiques  remettant  en  cause
    conséquent  aux  Etats-Unis  concernant  des  questions  des formes de dominations.


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