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Les discours
contemporains
et l’intériorisation
de ces discours
Une analyse sociologique des discours contemporains sur
la ménopause : la médecine, les médias grand public et la
publicité.
Comment ces discours sont intériorisés ou réappropriés
par les femmes dîtes « ménopausées » ?
En France, les discours sur la ménopause ne se cantonnent pas seulement aux ouvrages ou
recherches scientifiques. Ces derniers s’immiscent dans d’autres sphères de la société, des ouvrages
« grand public » en sont imbibés, et réactualisent des représentations concernant le corps vieillissant
des femmes.
Les sociologues Michèle Kérisit et Simone Pennec se sont intéressées à la façon dont les discours
scientifiques et médiatiques traitent de manières différenciées le vieillissement du corps masculin et féminin.
Leur corpus est composé de publications de journaux scientifique nord-américains, publiés à la fin des années
1990.
D’après elles, le corps âgé des femmes est toujours saisi « sous l’angle de leurs maladies ». Les discours
sur le vieillissement des hommes occultent « les âges du corps ». Les signes de l’andropause sont « rapportés à
d’autres causes qu’à des changements hormonaux », autrement dit, l’andropause renvoie à une continuité, qui
s’inscrit dans « un parcours physiologique relevant de pathologies potentielles durant la vie ». En fait,
l’andropause, contrairement à la ménopause, à résister à la médicalisation et la pathologisation.
En effet le parcours du corps féminin est relié aux évènements physiologiques en lien à son système
reproductif, où la ménopause est considérée comme une déficience hormonale. Dans les discours scientifiques, le
corps ménopausé est vu comme frêle et instable : fragilisation du système musculaire, des os, du système
reproductif, etc. La notion de « post-ménopause » renvoie à l’entrée dans la fragilisation et la dépendance.
La façon dont est traitée la ménopause est un reflet des valeurs de la société. Au-delà des intérêts
économiques et industriels, la prise en charge des femmes ménopausées et le développement des plans de
prévention donnent à voir une certaine injonction à la « responsabilité individuelle ». Les femmes ménopausées
sont responsables de leur hygiène de vie, et doivent développer des pratiques pour garder la santé. Faire du
sport, préserver son « capital-osseux », etc. ces injonctions sont représentatives de valeurs promues par une
société libérale où l’individu est un « autoentrepreneur ». Une ménopause mal gérée est associée à des
« potentiels de risques de dépendance » (Kéresit et Pennec, 2001), ce qui est contraire à l’idéal de l’autonomie.
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