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Marketing et industrie du cosmétique






              Le  traitement  de  la  ménopause  s’inscrit  dans  des  dimensions  économiques.  Les  laboratoires
       pharmaceutiques ont ici une cible économique à exploiter. La découverte des œstrogènes de synthèse dans

       les  années  1940  va  accroitre  le  lien  entre  ménopause  et  hormones.  Ces  laboratoires  ont  tout  intérêt  à
       réactualiser  cette  relation  afin  de  pouvoir  vendre  leurs
       produits (Locke, 1996).


              Ces  dimensions  économiques  s’inscrivent  de  même
       dans  une  forme  de  biopouvoir,  où  l’Etat  intervient,
       notamment à travers la régulation d’accès aux hormones de
       substitutions  (autorisations,  remboursement,  commendes

       d’expertise). En effet, afin de conserver l’efficacité socio-économique des individus de plus de 50 ans, les
       faire  partir  au  plus  tard  à  la  retraite,  et  minimiser  les  dépenses  de  santé,  l’Etat  a  un  rôle  à  jouer.  La
       question coût/bénéfique économique et tout autant importante que la santé en soi. Autrement dit, d’après
       Vinel, les pouvoirs publics préfèrent encourager la prise d’hormones malgré ces risques potentiels, car ceux-

       ci seront économiquement moins couteux que de devoir payer l’arrêt maladie d’une femme en ostéoporose
       avec une hanche cassée et moins dépendante.


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                La  ménopause  est  aussi  un  objet  marketing.  Les

         médicaments  et  les  publicités  pour  cosmétique  diffusent  le
         stéréotype  de  la  femme  idéal,  éternellement  jeune  et  encore
         désirable (et donc encore définit à travers l’homme...). L’idéal de
         la jeunesse éternelle s’inscrit dans ces discours, « cette nouvelle clinique du corps » (Kéresit et Pennec,
         2001) cherche à supprimer les conséquences vues comme néfastes de la ménopause.

         Ici,  le  corps  vieillissant  des  femmes  est  dénigré,  accentuant  la  vision  pathologique  ménopause,  « les
         diverses  injonctions  paradoxales  faites  aux  femmes  figent  celles-ci  dans  l’intemporalité  (l’éternel
         féminin)  ou  dans  celui  de  la  crise  permanente (la  perte  de  la  féminité,  la  dépendance,  etc.). »  (Ibid).

         Enfermée dans une lecture biologisante et de la marchandise, les laboratoires pharmaceutiques et les
         industries de l’esthétique construisent et réactualisent une vision homogène de la vie d’une femme, où
         l’hétérogénéité et les parcours individuelles sont totalement niés.

                                                  « La vivacité des campagnes hormonales et esthétiques autour
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                                           de  la  ménopause,  imposant  la  discipline  du  corps  des  femmes,  peut
                                           aussi être interprétée comme le maintien de l’ordre des choses dans les
                                           rapports sociaux de sexe » (Ibid). Après le droit de vote, de disposer de

                                           son corps, de travailler librement, etc. aujourd’hui, c’est le « droit de
                                           vieillir » que les femmes doivent conquérir.





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