Page 29 - C:\Users\Pauline\Documents\Flip PDF Professional\Composition1\
P. 29

Ces  discours  se  retrouvent  dans  des  ouvrages  grand  public,  ou  des  publicités.  L’historienne  et
    politicienne Sandra Cone a analysé l’évolution des discours et représentations diffusées dans les publicités sur
    les traitements  hormonaux,  de  1960  à  1990. Les  images  sont significatives  de  la  montée  du  libéralisme  aux
    Etats-Unis. Le choix de traitement par hormonothérapie est « présenté comme un

    choix individuel, tourné vers un avenir de vieillesse autonome » (Ibid). Dans les
    années 1960, les publicités mettent l’accent sur des femmes déprimées et souvent
    accompagnées  par  le  conjoint  (le  traitement  est  aussi  conçu  pour  le  satisfaire).
    Dans les années 1990 les publicités affichent le plus souvent des femmes seules et

    actives, des femmes qui se prennent en main.
           C’est  donc  l’investigation  médical,  accompagné  du  stéréotype  de  l’idéal
    féminin,  et  « la  modélisation  d’une  féminité  soutenue  par  le  marché  de
    l’esthétisme normative » (Ibid) qui construisent et renforcent la pathologisation

    de la ménopause.




           La  sociologue  Cécile  Charlap  s’est  intéressée  aux  discours  contemporains
    sur  la  ménopause  en  France.  Elle  démontre  comment  plusieurs  cadres  sociaux
    amènent à instituer socialement et politiquement des normes sociales en ce qui concerne la maternité,
    dont la ménopause est vue comme son pendant. Cette institution de frontière entre être en âge de procréer
    et ne plus l’être est une construction sociale et normative, qui amène des femmes à cesser de faire des en-

    fants vers la quarantaine. Même si, biologiquement parlant, elles sont en capacité.
    Le cadre législatif concernant la PMA en est un exemple. Les femmes faisant la demande sont prises en
    charge par les pouvoir publique jusqu’à 43 ans (Charlap, 2014a). Les médias aussi diffusent ces stéréoty-
    pes. Par exemple, quand une personnalité publique bouscule ces normes, elle est rapidement visible dans

    la presse : « à 45 ans Monica Belluci vient de donner naissance à son deuxième enfant ». De même pour
    Laurence Ferrari, ou Carole Rousseau. À chaque fois, l’âge apparaît dans le titre, afin d’accentuer l’anor-
    malité de l’évènement. La presse permet de rendre « l’infraction publique » et donc renforce ces normes
    sociales concernant la légitimité, ou non, de procréer.







































                                                            29
   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34