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Comment les intériorisent elles,

           Mais quels sont les effets               les interprètent -elles?

             de ces discours sur les
                                                                      En quoi les discours médicaux sont
                     femmes ?
                                                                                    performatifs ?
                      Dans quelles mesures ils agissent

                      comme violence symbolique mènent
                      certaines femmes à avoir des pratiques

                      spécifiques sur leur corps et leurs

                      sensations ?


                      Pour  Cécile  Charlap,  l’expérience  de  la  ménopause,  dans  le

                      contexte français, est : « comme un processus d’apprentissa-
                      ge s’élaborant à partir d’une ménopause sociale jusqu’à la
                      ménopause physiologique » (Ibid).


            La norme sociale relative au droit/devoir d’enfanter est inscrite
    dans les discours médicaux, qui rappelle que la maternité durant la ménopause est une « infraction » à la
    norme.  De  ce  fait,  Charlap  en  émet  l’hypothèse  que  « la  ménopause  physiologique  ne  signe  donc  pas  la
    stérilité des femmes, qui deviennent socialement ménopausées avant » (Ibid).

    Les discours médiatiques et médicaux sont intériorisés par les femmes, les amenant à ne plus faire d’enfants
    après 42 ans. Elle le montre à travers les discours des enquêtées. Celles-ci parlent des risques potentiels en cas
    de  grossesse  tardive,  de  faire  un  « enfant  de  vieux »,  ou  encore  certaines  voient  ces  procréations  tardives

    comme une forme d’égoïsme.
            Les  discours  médicaux  construisent  la  ménopause  à  partir  des  dimensions  du  risque,  de  la
    dégénérescence, et du symptôme au cœur des discours sur la ménopause ont des effets sur les femmes. Le
    cadre conceptuel médical devient une grille de lecture à travers lequel elles interprètent leurs corps, comme
    avoir  plus  d’attentions  sur  certains  symptômes  que  d’autres,  à  appréhender  des  signes  du  corps  de  façon

    particulière, etc. Elles valident ou discriminent des signes à travers ces cadres discursifs, et développent un
    « système  de  catégorie »  (Becker  repris  par  Charlap,  2014a)  en  ce  qui  constitue  la  ménopause.  Donc  elles
    apprennent à être ménopausées et à transformer leurs sensations en symptôme.



                 Un dessaisissement de leurs propres expériences / vécus subjectifs et personnels

            « Quand dire c’est faire » disait Austin. Le langage créait le réel. Les discours médicaux sont performa-

    tifs, constituant un « processus de naturalisation et de pathologisation du féminin » (Charlap, 2014b). D’a-
    près ses enquêtes, l’incorporation du stigmate de la « femme ménopausée » les font rentrer dans « l’ère du ris-
    que ». Un autre rapport au corps se construit, avec une certaine vigilance, tout en étant accompagné par le
    corps médical dans cette surveillance. Car la transformation de femme en femme « ménopausée » se fait dans
    l’interaction avec le monde médical. Ce ne sont pas elles qui se disent « je suis ménopausée », mais bien leur

    praticien. Le changement de statut est proclamé par ce dernier, le seul détenant ce pouvoir, dont une certaine
    légitimité lui est accordé à sa position et son savoir. Il est à la fois un « passeur » - dire « c’est la ménopause »
    c’est aussi imposé une identité – et un « éducateur », - qui leur apprend à interpréter des symptômes.

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