Page 120 - La pratique spirituelle

Le corps immobile, le souffle lent et régulier, la musculature et maintient une tension aussi longtemps qu’on lui donne l’in-
relâchée, la colonne vertébrale érigée, les mouvements mentaux
s’apaisent et les sensations s’organisent. Le mouvement lent, si
nécessaire, vient mobiliser les tensions, et faciliter le nettoyage
des mémoires qu’elles contiennent.
Ces simples secondes d’ancrage du corps nous amènent à une
forme de joie spontanée sans cause. Diriez-vous que la lumière
va peu à peu s’imprégner sans qu’il y ait lieu de s’inquiéter ou de
faire quoi que ce soit ?
C’est la même lumière qui est présente dans l’intention et
dans la non-intention. Elle va ainsi se manifester tantôt sous
la forme d’une écoute du corps, tantôt sous la forme d’une
observation des pensées, tantôt sous la forme d’une présence à
la présence. Dans tous les cas, c’est le un qui ramène ses brebis
à la maison.
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* *
C’est étrange de constater qu’il suffit de « voir » la contraction
corporelle pour qu’elle aille dans la bonne direction. C’est un
mystère que la conscience de tout problème dissout tout pro-
blème... Ou y a-t-il une explication logique à ceci ?
La résistance est provoquée par le refus, qui maintient une
tension incompatible avec la détente et la résorption. Quand
le corps est refusé, fui dans un mental agité, il se tend, se
contracte et se spasme. Quand il est écouté, baignant dans le
bain bienveillant de la présence, il se détend, tout comme un
bébé le ferait dans les bras de sa mère. Vous pouvez vérifier
par vous-même. L’expérience directe est irremplaçable. C’est
en effet le mental qui induit des tensions dépassant le strict
nécessaire, comme la tension requise pour un mouvement. Le
corps retransmet, de manière impersonnelle, cette commande,
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jonction de le faire. C’est la peur qui interfère et maintient les
tensions plus que nécessaires. Faites-y face, en voyant comment
elle se construit par l’anticipation mentale, et comment elle
se prolonge dans les sensations corporelles. C’est cette obser-
vation fine des mouvements mentaux et corporels qui amène
une compréhension de l’inutilité de la lutte et du maintien de
la saisie. Une fois que ce mécanisme est vu, vraiment vu, il
peut s’effacer. Le corps trouve alors son repos, et le mental se
détend et se dissout dans la conscience sans pensée. Les soldats
rentrent à la garnison dès qu’on les invite à quitter le champ
de bataille.
Vous dîtes « Quand le corps est refusé… ». Par qui est-il refusé ?
Lorsque l’attention est tournée exclusivement vers les pen-
sées et leur contenu, le corps est déserté, oublié, et se dessèche,
n’étant plus imprégné par la conscience nourricière.
En ce qui concerne « l’anticipation mentale », il est vrai que
l’on y adhère immédiatement sans en douter une seule seconde.
Qu’est-ce qui, en moi, y croit si promptement ? Est-ce une réac-
tion automatique qui ne dépend pas de moi ?
Le moi est une réaction. Il est une pensée. Il appartient à
l’anticipation, car il n’existe pas dans l’instant lui-même. Il est
lui-même anticipation, indissociable de la mémoire du passé.
Lorsque vous parlez de « détente » de la tension corporelle ainsi
que du mental, je comprends par ceci qu’il faut laisser le mouve-
ment, quel qu’il soit, se faire, s’exprimer, se manifester.
C’est un parfait laisser-faire, mais éclairé par la lumière de
l’attention. Comme si vous surveilliez des enfants jouer, sans
intervenir, en n’étant qu’une présence bienveillante, mais non
manipulatrice.
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