Page 148 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                   L'amphétamine et les amphétaminiques



                 façons  différentes  ;  ce  qui  correspond  à  deux  énantiomères
                 différents désignés : D ou (+) ou dexamphétamine et L ou (-) ou
                 lévoamphétamine. La synthèse chimique aboutit au mélange de
                 ces deux énantiomères en quantité égale (racémique). Différents
                 moyens permettent de les séparer ; ce qui est important car leurs
                 activités respectives diffèrent. Ainsi la dexamphétamine agit 10
                 fois plus intensément sur les neurones dopaminergiques que sur
                 les neurones noradrénergiques, tandis que la lévoamphétamine
                 développe une activité à peu près identique sur ces deux types de
                 neurones.
                   Les  dérivés  de  l’amphétamine  diffèrent  :  par  de  nombreux
                 substituants possibles greffés sur le noyau benzénique  ; par
                 d’autres substituants que le groupement méthyle  (-CH ) sur le
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                 carbone asymétrique (C*) ; et par toute une variété de substituants
                 sur la fonction amine (NH ). Dès lors on imagine les centaines de
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                 molécules possibles, dont beaucoup partagent avec l’amphétamine
                 la capacité de faire libérer de la dopamine et de la noradrénaline
                 à partir, respectivement,  des neurones dopaminergiques et
                 noradrénergiques.
                   Ces effets  libérateurs  de  catécholamines  (dopamine,
                 noradrénaline) procèdent d’abord de la capture dans ces neurones
                 de l’amphétamine. Cette capture est opérée par les transporteurs
                 neuronaux ; ceux de la dopamine  (le DAT), dans les neurones
                 dopaminergiques, et ceux de la noradrénaline (le NET), dans les
                 neurones noradrénergiques.
                   La capture de l’amphétamine  par ces neurones s’effectue
                 en compétition avec celle de leurs neuromédiateurs, « la porte
                 n’étant pas assez large pour les laisser entrer simultanément au
                 coude-à-coude  ». L’entrée de l’amphétamine  empêchant  celle
                 des catécholamines, ces dernières demeurent plus longtemps et à
                 des concentrations plus élevées dans la synapse, ce qui accroît la
                 probabilité qu’elles stimulent leurs récepteurs post-synaptiques.
                   Après son entrée  dans ces  neurones, l’amphétamine  pénètre
                 dans les vésicules (granules) de stockage des catécholamines. Au
                 sein de ces vésicules les catécholamines  attendaient,  pour leur
                 libération  dans la synapse, que l’activité  électrique  du neurone
                 leur en donne le signal. L’entrée  de l’amphétamine  dans ces


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