Page 194 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Morphiniques et médicaments de substitution
corriger leurs errements. Ils ont déclaré que nous « diabolisions »
les drogues, ils nous ont accusés de « stigmatiser » leurs
consommateurs ; ils nous ont dépeints en suppôts d’idéologies
ringardes, réactionnaires. Ils ont décidé de nous placer à l’extrême
droite de l’échiquier politique. Ces mêmes addictologues, prônant
la dépénalisation du cannabis (antichambre de sa légalisation), se
sont jetés voracement sur le fantasme du « cannabis médicament »,
déplorant, avec des trémolos dans la voix, que l’on privait
des malades de cette irremplaçable thérapeutique, dans des
pathologies se situant complètement en dehors de leur sphère
d’expertise ; révélant, ce faisant, leur affligeante méconnaissance
de la pharmacologie et de la toxicologie. Bien loin d’agir contre
la diffusion et les dégâts de l’alcool et du tabac, ils se servent de
leur dangerosité, comme comparateurs, pour prôner la légalisation
du cannabis (selon eux moins nocif) et, au-delà, de toutes les
drogues. Alors qu’ils manifestent une atterrante inefficacité dans la
guérison des toxicomanes, ils ne cessent de réclamer des moyens
supplémentaires.
Par leur attitude, ils abondent le vivier des sujets malades des
drogues. Ils sont d’un mutisme total sur les détournements de la
buprénorphine, favorisés par leurs modalités de prescriptions.
Ces détournements, on l’a vu, recrutent de nouveaux adeptes
des morphiniques, qui deviendront bientôt ceux de l’héroïne. Ce
sont eux aussi qui n’utilisent jamais la buprénorphine à doses
dégressives pour viser à l’abstinence et qui maintiennent, de ce
fait « leurs » toxicomanes dans un état de précarité qui peut les
faire rebasculer à tout moment dans l’héroïnomanie. Ils ignorent
délibérément l’efficacité des « sevrages secs » (sans produits de
substitution opioïdes). Ils ont milité avec véhémence et pugnacité,
pour obtenir l’instauration des salles de shoot.
La recherche d’une cohérence dans leurs choix et attitudes, la
fait percevoir comme diabolique. Elle pose avec acuité la question
de leur adéquation aux missions qui leur sont assignées : prévenir,
traiter, guérir les toxicomanies. On est gagné par l’impression
qu’ils s’escriment à faire de la pathologie qu’ils ont à traiter, la
plus importante de toutes, en fréquence et en gravité, dans notre
société déjà malade de tant d’autres maux.
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