Page 191 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France      Morphiniques et médicaments de substitution



                   - Si, au sortir de la salle de shoot, le toxicomane, sous l’empire de
                     la drogue qui lui a été injectée, se livre à quelque exaction, qui
                     en sera responsable ? Sur les conseils d’un avocat, ne pourra-
                     t-il se retourner vers la « salle de shoot », en soulignant que
                     c’est dans celle-ci qu’on l’a mis dans un état psychique qui ne
                     lui permettait plus de se maîtriser ? Alors on lui fera signer une
                     décharge. Que vaudra t-elle dans le contexte pathologique dans
                     lequel on lui aura demandé de la signer ?
                   - Bien vite, ces « médecins de salles de shoot »,voudront disposer
                     d’une héroïne de qualité médicale, pure, stérile, apyrogène, en
                     dosage défini… Mais avec quel argent l’acquerrait le toxicomane,
                     s’il ne peut plus compter sur ses opérations de coupage de la
                     drogue  pour  prélever  sa  dîme  au  passage  ?  Il  faudra  donc  la
                     lui offrir, comme on le fait déjà pour la méthadone ou pour le
                     Subutex . Ainsi sera exaucé le vœu suprême de l’héroïnomane :
                            ®
                     « Ma drogue, de qualité optimale, dans la quantité que je veux,
                     à la fréquence que je veux, gratis, au calme, au chaud ». On
                     ne voit rien de dissuasif dans tout cela ; rien qui puisse inciter
                     à rompre  avec  le comportement  toxicomaniaque  injecteur  et,
                     moins encore, avec la drogue. Cela aura au contraire un évident
                     effet d’appel. On pourrait imaginer le « Guide du camé », avec,
                     non pas des étoiles comme dans le guide Michelin , mais plus
                                                                      ®
                     prosaïquement des seringues, permettant de comparer les attraits
                     respectifs des différentes salles de shoot…
                      Lors d’un audit devant une commission de l’Assemblée
                   nationale, où parmi une quinzaine de personnes conviées j’étais
                   le seul à m’opposer aux « salles de shoot », la présidente de la
                   MILDECA  (l’ancienne  MILDT)  a  souligné  tout  l’intérêt  que
                   portait sa « Mission… » au développement d’une buprénorphine
                   injectable. Ainsi, sous le prétexte d’éviter que les héroïnomanes ne
                   s’injectent la forme sublinguale de la buprénorphine à haut dosage,
                   la « puissance publique » envisage de mettre à leur disposition une
                   forme réellement injectable de ce produit. Faut-il rappeler que le
                   L des acronymes MILDT et MILDECA correspond à la première
                   lettre du mot Lutte…


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