Page 186 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                              Morphiniques et médicaments de substitution



                 pensent les riverains du quartier de la Gare du Nord à Paris, qui
                 se  sont  mobilisés  pour  qu’une  telle  salle  ne  soit  pas  infligée  à
                 leur quartier. Lors d’une « votation citoyenne », organisée sur ce
                 thème, ils ont exprimé, à une écrasante majorité, leur rejet total.
                   Ces riverains ont bien compris qu’une telle salle concentrerait
                 dans leur quartier les toxicomanes venant la fréquenter. Dans une
                 des salles installée en Suisse, le nombre de passages quotidiens
                 autorisés pour un même toxicomane est limité (si l’on peut dire)
                 à six. De ces salles de shoot ressortent des individus souvent
                 apaisés, parfois délirants, ivres, tirés par leur chien, dans un état
                 d’équilibre postural et psychique très variable, d’un sujet à l’autre
                 et d’une dose à l’autre.
                   Comme il est prévu que le toxicomane accédera à la salle de
                 shoot avec sa drogue, elle lui sera proposée à l’extérieur. Aussi,
                 outre  les  toxicomanes,  le  quartier  concentrera  également  les
                 dealers. Il semble déjà prévu que la police ne devrait pas troubler
                 la quiétude de ce négoce (négoce interdit par la loi, à moins qu’on
                 ne change la loi…).

                   Ces salles permettraient  de capter  les toxicomanes très
                 marginalisés pour les intégrer dans des filières de prise en charge.
                   Ces salles appliqueraient donc la stratégie du grain jeté aux
                 moineaux, pour les attirer afin de leur faire tomber le filet sur la
                 tête. Cette stratégie feint d’ignorer la multitude d’autres filets qui,
                 à prix très élevés, ont été mis en place ; énumérons les :
                 - les CAARUD  : Centre d’accueil  et d’accompagnement  à la
                  réduction des risques pour les usagers de drogues (135 recensés
                  en 2010) ;
                 - les CSAPA : Centres de Soin, d’Accompagnement  et de
                  Prévention en Addictologie (il y en a plus de 260) ;
                 - les CCAA, centres de cures ambulatoires en alcoologie, qui ont
                  vocation à devenir des CSAPA (comme il y en a 250, cela fera
                  510 CSAPA) ;
                 - les centres spécialisés  de soins aux toxicomanes  en milieu
                  pénitentiaire ;
                 - les hébergements d’urgence ou de transition ;
                 - les réseaux d’appartements thérapeutiques ;


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