Page 189 - Desastre Toxicomanie
P. 189
Le désastre des toxicomanies en France Morphiniques et médicaments de substitution
souviendra dans six ans que l’on était dans le temporaire ? Les
déplorables habitudes prises, se seront incrustées et deviendront
intouchables. Nous sommes un certain nombre à ne pas être dupes
de ces enfumages/entortillages. Nous répéterons régulièrement les
noms de leurs auteurs, ce qui ne devrait pas les déranger s’ils en
restent fiers. Cette disposition aura peut-être même été complétée,
comme certains l’expriment déjà, de l’avènement d’une
buprénorphine à haut dosage injectable par voie i.v. et même d’une
« héroïne médicale ». Quant à ceux qui exerceront leur activité
dans ces salles, on se doute bien qu’ils sauront « défendre leur
emploi ». Nous resterons mobilisés pour dénoncer tous leurs
méfaits et toutes les dérives.
Ces salles de shoot étant présentées comme « expérimen-
tales », leur existence à l’étranger rend inutile de refaire chez
nous l’expérience. Une démarche à prétentions scientifiques ne
saurait consister à refaire les expériences d’autrui. Analysons
soigneusement, objectivement, leurs résultats sans nous laisser
influencer par l’autosatisfaction de leurs organisateurs (organisant
leurs galas au profit des organisateurs de galas). Mettons cette
analyse en perspective avec les autres dispositifs qu’ont mis, ou
plutôt n’ont pas mis en place ces autres États. Nous avons peu
à apprendre de ces pays qui n’ont pas investi, autant que nous
l’avons fait, pour les toxicomanes. Notre effort nouveau doit
se concentrer sur l’analyse des insuffisances et des ratés de nos
dispositifs complexes et coûteux. Ils doivent être nombreux
puisqu’ils n’ont pas prévenu ce qu’ils devaient empêcher.
L’activité des addictologues les plus tonitruants pour requérir
ces salles de shoot devrait être analysée d’une façon urgente et
prioritaire, en s’aidant de beaucoup de regards extérieurs, car cette
expertise dépasse les limites de l’autogestion, de l’autosatisfaction
et des petits arrangements entre amis…
Nos propres arguments, au-delà de la réponse à ceux d’autrui
Au plan de la logique médicale :
On ne doit pas s’affranchir de la logique médicale qui tient
pour aberrant le fait d’administrer à un patient le toxique qui est à
l’origine de son intoxication ; c’est-à-dire de la drogue à l’origine
189