Page 24 - LUX in NOCTE n°1
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Pourtant, entrer dans la Pléiade, c’est devenir un « classique ». Mais Jean
d’Ormesson divise toujours. Les uns jugeant que les romans de celui-ci n’ont en
rien marqué l’histoire littéraire ; d’autres pensant qu’il représente une tendance
du roman bourgeois spiritualiste.
Cela étant dit, on ne peut pas nier la réussite littéraire de Jean d’Ormesson.
Plusieurs de ses livres ayant été d’énormes Best-Sellers en tête des ventes pendant
de longues semaines. Une réussite et une entrée en Pléiade grâce à son talent de
plume ou… pour des raisons plus mondaines et commerciales que strictement
littéraires ? Qu’importe en fin de compte puisque cela suffisait au bonheur de celui
qui était considéré comme un écrivain de second rang.
Somme toute, la critique négative « auteur de second rang » dont a
longtemps été l’objet Jean d’Ormesson soulève une question : Faut-il faire partie
du cercle très fermé des écrivains capables de composer sans grand effort des
chefs d’œuvre intemporels pour s’octroyer le droit d’écrire, de publier et
accessoirement de vendre ? J’aime à penser que non. Dans le cas contraire, les
éditeurs auraient tôt fait de mettre la clé sous la porte.
D’ailleurs comment définir un écrivain « qui compte » ? Serait-ce un de
ceux que l’on étudie dans les universités, les lycées, les collèges ou encore celui
23 dont les ouvrages seront toujours lus en dépit du temps, plusieurs siècles après la
parution de leurs textes ?
Jean d’Ormesson, qui savait manier le verbe et réjouir les médias, auteur de
40 livres ; venait, trois jours avant sa mort, de conclure son ultime ouvrage. Lui
qui disait : « Il faut essayer de prendre avec une sorte de gaîté… même les
catastrophes » ne passera peut-être pas à la postérité mais… n’aura aucun mal, de
là-haut à faire un clin d’œil malicieux à ceux d’en bas qui, tout grands critiques
littéraires qu’ils sont, n’ont bien souvent pas même publié un seul livre.
Pour conclure ce billet d’humeur, je cite Mario Vargas Llosa qui, dans Le
Figaro littéraire du 16 avril 2015 a dit : « L’œuvre de Jean d’Ormesson pleine de
vie ne s’adresse pas aux lecteurs passéistes, mais à ceux que fascine la
problématique présente » ainsi que Alaa El Aswany : « Jean d’Ormesson réussit
ce qui est le plus difficile et le plus exigeant en littérature : être à la fois simple et
profond. »
William Alcyon – 19.12.2017