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 dire qu’il rejoint l’idée que Joseph était traité comme le békhor.
 ce commentaire midrachique par la suite, mais, pour l’instant, il suffit de
 lorsque les autres frères complotaient contre lui ! » Nous reviendrons sur
 [contre le statut de Joseph]. Au contraire, c’est lui qui a sauvé Joseph
 n’a jamais vendu aucun droit à Joseph et pourtant, il n’a jamais protesté
 [contre Jacob qui assumait le statut de premier-né]. Mon fils, Ruben,
 « Esaü a vendu son droit d’aînesse à Jacob, et il a néanmoins protesté
 Ruben – avec celle d’Esaü, son beau-frère. Selon les termes du Midrach :
 les Sages rapportent que Léa a comparé la conduite de son propre fils –
 entre mon fils et le fils de mon beau-père ! » Dans cette interprétation,
 d’abréviation de réou ma ven béni leben ‘hami – « Voyez la différence
 Ruben (Réouven), suggère le Midrach, peut être lu comme une sorte
 en relation avec le nom de Ruben donné par Léa à son premier enfant.
 Jacob traitait Joseph comme son békhor. L’un d’eux est cité par Rachi
                                   וי ָ ח ֶ א ל ַ ע ר ֵ תוֹי וי ִ ב ָ א וֹל
 Mais ne tirons pas de conclusions hâtives. Il est toujours
 44
 Un manteau ou deux
 L’ExodE à côté duquEL vous avEz faiLLi passEr  44 D’autres Midrachim semblent même être plus explicites sur l’idée que   le deutéronome paraisse curieusement proche de celle   un heureux hasard. En outre, bien que la famille décrite dans   cette expression dans le Deutéronome pourrait tout à fait être
 ayant deux épouses, ainsi qu’avec les enfants qu’il a eus avec   Le commentaire de Rachi paraît étonnamment insignifiant.
 chacune d’elles :   Nous sommes suspendus en haleine à l’un des passages les
            plus  sombres  de  la  Bible.  Les  frères  de  Joseph  sont  sur  le
 ל ַכוּי אלֹ וֹל ה ֶי ְה ִי־רׁ ֶש ֲא ת ֵא וי ָנ ָבּ־ת ֶא וֹלי ִח ְנ ַה םוֹי ְבּ ה ָי ָה ְו   point de le jeter dans un puits et de l’abandonner à son sort
 י ִכּ ׃רֹכ ְבּ ַה ה ָאוּנׂ ְשּ ַה־ן ֶב י ֵנ ְפּ־ל ַע ה ָבוּה ֲא ָה־ן ֶבּ־ת ֶא ר ֵכּ ַב ְל
 לֹכ ְבּ ם ִי ַנׁ ְש י ִפּ וֹל ת ֶת ָל רי ִכּ ַי ה ָאוּנׂ ְשּ ַה־ן ֶבּ רֹכ ְבּ ַה־ת ֶא   incertain, toute la famille de Jacob semble se décomposer…
 ׃ה ָרֹכ ְבּ ַה ט ַפּׁ ְש ִמ וֹל וֹנֹא תיׁ ִשא ֵר אוּה־י ִכּ וֹל א ֵצ ָמּ ִי־רׁ ֶש ֲא  et Rachi se concentre sur le nombre exact de manteaux que
            Joseph a perdus lorsque ses frères l’ont dévêtu, sur le fait de
 … Le jour où [le père] partagera entre ses fils   savoir si celui-ci portait encore son tricot de peau lorsqu’il fut
 l’héritage de ce qu’il possède, il ne pourra point   jeté dans un puits. Mais qui se soucie du nombre de vêtements
 conférer le droit d’aînesse au fils de la femme   retirés à Joseph ?
 préférée, aux dépens du fils de la détestée qui   Arrêtons-nous  un  instant  pour  jouer  à  l’un  de  nos  jeux
 est le [véritable] békhor. À la place, c’est le fils   favoris : où avons-nous déjà entendu cela auparavant ? De
 békhor de l’épouse haïe qu’il doit reconnaître   cette manière, nous comprendrons plus clairement où veut en
 pour lui attribuer une part double dans tout   venir Rachi.
 ce  qui  est  trouvé  pour  lui  ;  car  [cet  enfant]
 est le premier de sa force, à lui revient le droit   Repassons-nous les mots de Rachi. Tous les frères, y compris
 d’aînesse. (Deutéronome 21:16-17).  Joseph, possédaient un manteau donné par leur père. Mais
            Joseph reçut de Jacob un second manteau, porté par-dessus
 Si nous continuons à interpoler le récit de la genèse dans le   celui dont étaient revêtus tous ses frères.  Dans quel autre
 texte du Deutéronome, le tableau qui en ressort est réellement   endroit  de  la  Torah  pouvons-nous  lire  quelque  chose  de
 surprenant. La Torah affirme que Jacob, l’homme aux deux   semblable ? Que vous rappelle cette « double portion » de
 épouses, ne doit pas considérer Joseph, le premier enfant de   manteaux ? Il s’agit de la part qu’un békhor, un premier-né,
 sa femme bien-aimée, comme le békhor à la place de Ruben,   reçoit de la propriété de son père.
 l’aîné de la femme moins aimée. Mais, au lieu de cela, il lui faut
 reconnaître Ruben comme son békhor, et lui donner, à lui, la   Dans  le  Deutéronome  (21:16-17),  nous  apprenons  que
 part double revenant à un premier-né.   lorsqu’un  homme  décède,  son  békhor, son premier-né,
            reçoit une « double portion », pi chnaïm (םינַ שְִׁ  יפִּ ) des biens
 Le lecteur se retrouve donc confronté à une implication   paternels. Le fait que chaque frère n’ait reçu de leur père qu’un
 alléchante  :  Jacob  a-t-il  lui-même  tenté  de  faire  ce  que  le   seul manteau alors que Joseph en a reçu deux suggère que
 texte du Deutéronome met en garde l’homme anonyme aux   Jacob traitait ce dernier comme son békhor .
                                                   40
 deux épouses de s’abstenir ? A-t-il essayé de conférer le droit
 d’aînesse au fils de l’épouse qu’il aimait ? Et le fait d’aborder
             40 D’autres  commentateurs,  tel  que  le  Kli Yakar, adhèrent nettement à


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