Page 790 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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748 APPROCHES THÉRAPEUTIQUES DIVERSES
substrat organique ou à l'oxygène moléculaire, est responsable de l'effet photody-
namique;
l'espèce cytotoxique considérée comme principalement responsable de l'activité est
l'oxygène singulet 'O, (durée de vie de l'ordre de 10 microsecondes). Celui-ci est en
effet capable de réagir rapidement avec de nombreux substrats biologiques riches en
électrons comme les acides gras insaturés présents dans les membranes, le choles-
térol, des résidus d'amino-acides comme la cystéine, l'histidine ou le tryptophane ou
encore les bases de l'ADN (principalement la thymine et la guanine).
1.3. PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES
Après injection, le porfimère sodique est largement distribué dans l'organisme mais se
concentre sélectivement au niveau du foyer tumoral. La photoactivation est réalisée 2 à
3 jours après l'administration grâce à un laser réglé à 630 nm, ce qui produit la réaction
cytotoxique au niveau des cellules irradiées. À côté d'un effet cytotoxique direct sur la
cellule tumorale, le mécanisme principal par lequel le Photofrin conduit à la nécrose
tumorale serait dû à la destruction de la vascularisation de la tumeur avec stase sanguine
privant ainsi la tumeur d'oxygène et de nutriments.
1.4. PRÉSENTATION ET POSOLOGIE
Le porfimère sodique se présente sous forme d'une poudre pour solution injectable (fla-
cons de 15 ou 75 mg) à reconstituer dans du glucose isotonique. Le Photofrin ne doit
pas être reconstitué avec du sérum physiologique (précipitation).
Un protocole standard comporte l'administration par injection intraveineuse lente (3 à
5 minutes) d'une dose de 2 mg/kg de porfimère sodique suivie, 40 à 50 h après, par une
irradiation de la tumeur à 630 nm à l'aide d'une fibre optique. Celle-ci peut être équipée
d'un diffuseur cylindrique qui permet une diffusion uniforme du rayonnement laser selon
un motif cylindrique surtoute la longueur d'extrémité de la fibre optique, ou d'une micro-
lentille qui émet un faisceau lumineux divergent permettant d'irradier les petites lésions.
La dose de lumière appliquée varie de 200 à 300 J/cm (diffuseur cylindrique) et de 100
2
à 200 J/cm (microlentille) en fonction du type de tumeur traitée.
Les patients avec des lésions endobronchiques ou un cancer de l'œsophage peuvent
recevoir un second, voire un troisième cycle de traitement photodynamique, chaque
cycle (Photofrin puis irradiation) étant réalisé à un intervalle de 30 jours du cycle précé-
dent. Au maximum 3 cycles peuvent être administrés.
En raison de la pénétration restreinte de la lumière dans le tissu vivant (l'irradiation
à 630 nm permet une activation satisfaisante du porfimère sodique sur une profondeur
de tissu de 5 mm), cette forme de photothérapie est limitée au traitement de lésions
peu étendues et de faible épaisseur mais elle peut également être bénéfique pour le
traitement de tumeurs avancées ou récurrentes en permettant de réduire leur taille.
L'intérêt de cette approche peut également concerner le traitement des cellules
résiduelles après un acte chirurgical, s'appliquer à divers traitements endoscopiques,
laparoscopiques et percutanés. Des résultats encourageants ont été obtenus dans le
traitement de tumeurs gastriques, laryngées, œsophagiennes, colorectales et bronchi-
ques.
La possibilité d'utiliser les dérivés de type porphyrinique comme agent fluorescent en
imagerie a été également étudiée.