Page 307 - Chimie organique - cours de Pau 2- Brigitte Jamart
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Partie Il ■ Chimie organique descriptive


                  es dérivés halogénés (on dit également« halogénures») résultent du remplacement d'un ou plusieurs
               Latomes d'hydrogène d'un hydrocarbure par un halogène X, chlore, brome, iode ou, plus rarement,

               fluor. Ils contiennent donc tous, par définition, au moins une liaison carbone halogènec X.
               Il existe une très grande diversité de dérivés halogénés, et leur réactivité diffère notablement selon qu'ils
      p        sont saturés ou non, benzéniques ou non, mono- ou polyhalogénés. D'autre part, les dérivés fluorés consti-
               tuent une classe nettement à part : leurs modes d'obtention et leur comportement chimique sont très diffé-
   La nomenclature
     des dérivés  rents de ceux des dérivés chlorés, bromés ou iodés.
    halogénés est
    exposées au  Ce chapitre concerne essentiellement les dérivés monohalogénés saturés, représentés d'une manière géné-
   chap. 7, § 7.2.1  rale par RX, où X est un atome de chlore, de brome ou d'iode. Quelques indications sur les dérivés fluorés
         p     y sont également données. Le comportement particulier des dérivés halogénés non saturés (vinyliques,

       § 20.2.1.b  allyliques, benzéniques, benzyliques) est évoqué au chapitre 20.



               13.1 CARACTÈRES PHYSIQUES

               Les dérivés halogénés ont des points d'ébullition plus élevés que ceux des hydrocarbures corres-
               pondants. Ils ont également des densités plus grandes, surtout les dérivés polyhalogénés bromés ou
               iodés, qui comptent parmi les composés organiques ayant les plus fortes densités (CH,I: 2,28;
               CHBr,: 2,85).
                 Ils sont insolubles dans l'eau, mais sont de bons solvants (et souvent employés comme tels) pour de
               nombreux composés organiques, entre autres les corps gras.
         2       La liaison C-X est polarisée et les dérivés halogénés possèdent un moment dipolaire moléculaire

         chap. 4,  non nul (sauf si la géométrie moléculaire est telle que la résultante des moments des liaisons soit
         § 4.3.1  nulle).
                 Les dérivés halogénés sont souvent fortement odorants (cf. chloroforme, trichloréthylène, para-
               dichlorobenzène utilisé comme antimite, etc.).




               13.2 RÉACTIVITÉ

               Le comportement chimique des dérivés halogénés résulte, pour l'essentiel, des perturbations appor-
               tées dans la structure électronique de la molécule par l'électronégativité de l'halogène. La
               liaison C-X est polarisée, et le carbone se trouve déficitaire, porteur d'une charge ô+ ; il est donc
         2     sujet à l'attaque de réactifs nucléophiles. Les liaisons C-H avoisinantes sont, par ailleurs, soumises

         chap. 4,  à l'effet inductf-attractif de l'halogène, et prédisposées à se rompre en libérant un ion H sous l'ac-
         § 4.3.2  tion d'une base (H labile).
                 Plus précisément, les dérivés halogénés se prêtent à deux types principaux de réactions :
               • Réactions de substitution de l'halogène par un autre atome ou groupe d'atomes, à la suite d'une
                 attaque par une espèce nucléophile. La très grande variété de ces réactions confère aux dérivés
                 halogénés un grand intérêt comme intermédiaires de synthèses, permettant l'accès à des fonctions
        p        très diverses.

               • Réactions d'élimination de l'halogène et d'un H porté par le carbone adjacent, avec formation
      Ce type de
      réaction sera  d'une double liaison, lors del' attaque par une base.
       décrit au
       chap. 14  En outre, les dérivés halogénés forment, avec certains métaux des composés orga-
               nométalliques.




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