Page 172 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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2 MÉDICAMENTS DU DIABÈTE SUCRÉ UTILISABLES PAR VOIE ORALE
E. INHIBITEURS DE L'ALPHA-GLUCOSIDASE
Afin de mieux corriger les hyperglycémies post-prandiales en cas d'insuffisance des
mesures diététiques et thérapeutiques habituelles, il est apparu intéressant de recher
cher des substances capables de limiter l'absorption intestinale des glucides. C'est
dans cet esprit que sont préconisés des régimes alimentaires riches en fibres ou en
pectine. Divers essais ont été réalisés avec des mucilages comme la gomme guar
(issue de graines de Cyamopsis tetramaloba) qui forme des gels, rendant la résorption
glucidique difficile. Mais ces produits sont mal acceptés par les patients.
Une nouvelle classe thérapeutique a vu le jour, celle des inhibiteurs de l'a-glucosi-
dase. Leur effet sur les enzymes intestinales hydrolysant le saccharose et l'amidon a
pour résultat le déplacement des sites d'absorption des glucides de l'alimentation
vers les parties distales de l'intestin ; ils retardent et écrêtent les hyperglycémies post
prandiales.
1. LES a-GLUCOSIDASES
Les glucides alimentaires qui représentent environ 50 % de l'apport énergétique glo
bal pour les habitants des pays occidentaux sont constitués d'environ 60 % de poly
saccharides (principalement de l'amidon), de 30 % de disaccharides (sacharose, lac
tose) ainsi que de monosaccharides (glucose, fructose). Ces constituants principaux
de l'alimentation glucidique sont accompagnés de faibles quantités de glycogène pro
venant des aliments d'origine animale, de maltose (dans des produits de fermentation)
et éventuellement de tréhalose en cas de consommation de champignons.
Les polysaccharides et disaccharides doivent subir des hydrolyses en oses pour
pouvoir être résorbés dans l'intestin grêle.
L'amidon (figure 1) est constitué de deux polysaccharides : l'amylose (15 à 25 %) et
l'amylopectine (75 à 85 %). L'amylose est un a-(1 -> 4) glucane linéaire alors que
l'amylopectine, de masse relative beaucoup plus importante, présente une structure
ramifiée avec des chaînes de a-(1 -» 4) glucanes de longueurs différentes (d'une part
20 et de l'autre, plus de 50 restes glucose) connectées par des liaisons a-(1 -> 6).
Les sécrétions des glandes salivaires et du pancréas, grâce à leurs a-amylases (EC
3.2.1.1.) provoquent, à des pH différents, dans la lumière du tube digestif, la dégrada
tion de l'amidon en oligosaccharides (dextrines), trisaccharides (maltotrioses) et même
un disaccharide : le maltose (figure 2), constitué de deux a-glucoses reliés par un
pont osidique en (1 -> 4).
L'amylase catalyse l’hydrolyse des liaisons a-(1 -> 4), à l'exception de la dernière et
de celles qui sont voisines des liaisons a-(1 -> 6). Elle est incapable de provoquer la
rupture de ces liaisons a-(1 -> 6) elle mêmes.
C'est ainsi que l'amylose fournit presque exclusivement du maltose ; l'amylopec-
tine, à cause de sa ramification, conduit surtout à des a-dextrines dites “limites", et le
rendement en maltose ne dépasse guère 90 %.
Dans l'intestin grêle, l'hydrolyse se poursuit sous l'action d'oligosaccharidases de
la membrane de la bordure en brosse ; leur rôle est la formation d oses directement
absorbables soit à partir des polyholosides restants, soit à partir de triholosides ou
surtout de diholosides tels que le saccharose (figure 3), sucrose ou a-D-glucopyrano-
side de (3-D et l'isomaltose.