Page 613 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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13. ANDROGÈNES, ANABOLISANTS                               573

            10.   PRINCIPALES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

            Les inducteurs enzymatiques diminuent l'effet des androgènes et des anabolisants.
            Ces derniers potentialisent l'action des anticoagulants oraux et celle des hypoglycé­
            miants.


            11.   UTILISATION ILLICITE DES ANABOLISANTS
            L'usage vétérinaire des stéroïdes anabolisants pour augmenter la masse musculaire,
            en particulier chez les bovins, est interdit en France. Cependant, des réglementations
            différentes existent dans d'autres pays producteurs de viande. La consommation de
            viande provenant d'animaux traités, n'entraîne pas, semble-t-il, de conséquences
            pour la santé publique.
             Il n’en va pas de même pour l'utilisation de doses massives d'anabolisants par
            l'Homme.
             Cette pratique a été longtemps limitée aux athlètes de disciplines dont les perfor­
           mances étaient directement corrélées à leur masse musculaire : haltérophiles dès
            1950, puis les “lanceurs" (javelot, poids, marteau, disque...) et, plus récemment, les
           sprinters, nageurs, cyclistes, footballeurs etc.).
             Elle concerne aussi les adeptes du culturisme, voire simplement les jeunes souhai­
           tant améliorer leur apparence physique : une enquête menée dans des lycées améri­
           cains a montré qu'en 1990 de 3 à 12 % des étudiants et 1 % des étudiantes utilisaient
           des anabolisants dans ce but.
             L’effet des anabolisants se situe à deux niveaux : physiologique et psychologique.
             La prise continue ou en “cure" de ces médicaments augmente effectivement la
           masse musculaire au détriment de la graisse ; en augmentant l'anabolisme et en
           réduisant le catabolisme des protéines, les anabolisants permettent d'obtenir une
           musculature qui n'aurait pu être obtenue à un même degré par un entraînement
           poussé et un régime alimentaire renforcé : c'est à ce titre que les anabolisants sont
           considérés comme des produits dopants. Leur effet est d'autant plus intense que les
           doses administrées sont élevées (1 à 2 g par semaine d'ester de testostérone). Ils
           entraînent une augmentation de l'érythropoïèse, donc, indirectement, une amélioration
           de la résistance à l'effort. Enfin, ils agissent sur le psychisme de l'individu en lui don­
           nant confiance, en augmentant sa combativité, voire en le rendant agressif.
             Cependant, de telles pratiques ne sont pas sans danger. En perturbant l'équilibre
           des concentrations sériques entre HDL et LDL, elles augmentent le risque cardio-vas­
           culaire, favorisent l'agrégation plaquettaire et le risque coronarien. Ces dérivés peu­
           vent, surtout chez l'insuffisant hépatique, se transformer dans les tissus périphériques
           par aromatisation du cycle A, en estrogènes avec apparition de caractères secon­
           daires féminins (gynécomastie). De plus, ils occasionnent en cas d'abus : hypercalcé­
           mie, dégénérescence et tumeurs du foie.
             Sans véritablement créer de dépendance, le sevrage s'accompagne de nombreux
           troubles psychiques, allant de l'insomnie à la dépression.
             La recherche des substances anabolisantes se fait dans les urines. Elle permet
           d'identifier et de doser tous les anabolisants de synthèse et leurs métabolites. Le pro­
           blème est un peu plus complexe pour les esters de testostérone, qui se retrouvent
           dans les urines sous forme de testostérone indifférenciable de la testostérone endo­
           gène.
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