Page 614 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
P. 614
574 MÉDICAMENTS EN RELA DON A VEC DES SYSTÈMES HORMONA UX
Le principe de la recherche du dopage par la testostérone et par ses esters est
basé sur la mesure du rapport des taux urinaires de testostérone et d'épitestostérone.
En effet, l'administration de testostérone exogène (dopage) provoque une augmenta
tion du rapport des concentrations urinaires de la testostérone et de l'épitestostérone
qui est normalement assez voisin de 1.
L'épitestostérone ou 17a-hydroxyandrost-4-én-3-one est le 17a-épimère de la tes
tostérone qui avait été considéré comme un métabolite de la testostérone ; en réalité,
il semble désormais admis que l'épitestostérone ne provient pas de la testostérone, le
taux de conversion étant inférieur à 2 %. Ses précurseurs seraient, d'une part,
l’androst-4-ène-3,17-dione et, d’autre part, la prégnénolone transformée en androst-
5-ène-3a,17a-diol, ensuite isomérisé par une A5, A4 isomérase. L'épitestostérone
serait synthétisée à parts égales par les testicules et les surrénales ; elle est retrouvée
au niveau du foie, du plasma, des reins... Son excrétion urinaire est légèrement plus
basse que celle de la testostérone. Chez l'animal, l'excrétion urinaire est augmentée
par la LH RH proportionnellement à celle de la testostérone.
L'épitestostérone a un effet anti-androgénique. C'est un antagoniste compétitif de
la liaison de la testostérone au niveau du récepteur androgénique et un inhibiteur de la
5a-réductase.
Le test de dépistage du dopage par la testostérone et ses esters, accrédité par le
Comité International Olympique (CIO) est basé sur le rapport des concentrations uri
naires de testostérone et d'épitestostérone. La valeur maximale tolérée de ce rapport
a été fixée arbitrairement à 6. Cependant, il aurait été prouvé l'existence de “faux
positifs en particulier dans les cas à élimination faible d'épitestostérone et chez les
*
adolescents. De même, l’exercice physique intense pourrait entraîner une augmenta
tion de la valeur de ce rapport. Actuellement, pour l’interprétation des résultats dont
les valeurs sont comprises entre 6 et 10, la plus grande prudence est recommandée.
En conséquence, la mesure du rapport des taux urinaires de testostérone et de LH
présenterait un intérêt, en particulier dans les cas de dopage par une association en
proportions judicieuses de testostérone et d'épitestostérone et dans celui par l'hor
mone gonatotrophique humaine (HCG) qui stimule parallèlement la production de ces
deux composés.
Différentes méthodes d'analyse sont utilisables (CCM, CLHP, CGL radioimmunolo
gie...) mais la méthode officielle en France et recommandée par le CIO est celle utili
sant la CGL couplée à la spectrométrie de masse. Elle nécessite : extraction par chro
matographie sur colonne, hydrolyse enzymatique des dérivés conjugués et dérivation.
Il est possible de préciser que les programmes de dopage utilisés par les “sportifs
*
comprennent la prise de plusieurs produits :
*
• de manière simultanée ("stacking program avec l'association, par exemple :
)
- d'anabolisants différents par voies orale et parentérale dans l'espoir de réduire les
doses et les effets secondaires de chaque composé ;
- de tamoxifène (anti-estrogène) pour éviter les gynécomasties ;
- d'hormone gonadotrophique humaine (HCG) pour relancer la production endogène
de testostérone avant la compétition.
• de manière cyclique, avec les prises successives :
- d'anabolisants alkylés en 17, actifs par voie orale ;
- d'une association d'anabolisants actifs par voie orale avec un ester de testostérone
par voie parentérale ;
— de testostérone micronisée par voie orale avec arrêt de quatre semaines avant la
compétition.