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5.
Sept exercices de gymnoétique,
la gymnastique de l’esprit
Le maître soufi Abu Abd Al Rahman Al‑ Sulami (937‑1021) a écrit
un traité court et efficace, Les Maladies de l’âme et leurs remèdes,
dans lequel il relève des maux de notre psyché, leurs signes, et des
pratiques simples pour y remédier. Je n’ai ni la sagesse ni l’initia‑
tion d’Al Sulami, mais je pense que sa démarche doit être ravivée
e
au xxi siècle, à mesure que progressent les neurosciences. On
ne créera pas de neurosagesse en expliquant seulement comment
entraîner notre cerveau, mais on en créera certainement en com‑
prenant pourquoi.
Il existe un folklore ancien, que le soufi Omar Ali Shah fait au
moins remonter au poète perse Attar, et qui cerne bien l’enjeu des
neurosciences modernes : « Nous venons au monde avec la connais‑
sance intime de tous les secrets du cerveau, mais à la naissance,
un ange vient poser son index sur notre bouche pour nous faire
oublier ces secrets, et c’est ainsi que nous avons tous une fossette
sur la lèvre supérieure, empreinte du doigt de l’ange. »
Pourquoi mélanger neurosagesse et gymnastique cérébrale ? Parce
que le terme de gymnastique a lui‑ même une origine profondément
sage. Il vient du grec gymnos, qui signifie « nu ». Or l’idéal de la
Renaissance, c’est la sacralité du corps nu, que l’homme n’a pas
créé, contrairement à ses vêtements. Les artistes de la Renaissance
ne mettaient pas corps et vêtement sur le même plan esthétique,
et souvent, ils représentaient les personnages nus avant de peindre
des vêtements sur eux. Le mot « gymnastique » vient donc de ce
qu’elle se pratiquait nu, dans l’idée de la pureté du corps.
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