Page 28 - 266687ILJ_CERVEAU_cs6_pc.indd
P. 28
ENTREZ DANS LA NEUROERgONOMIE
Les trois images ci‑ dessus représentent trois vues du cerveau, sur lesquelles
on a projeté des activités neuronales moyennes correspondant, sur des
centaines de gens, soit :
En noir : mathématiques
• calcul mental,
• opérations arithmétiques,
• rotations mentales,
• calcul (mental ou sur papier).
En hachuré : langage 1
• lecture, incluant :
– reconnaissance sémantique des mots,
– reconnaissance visuelle des mots.
Les activités neuronales associées à ces fonctions mentales sont tirées
de plus de deux cents publications scientifiques collectives. En neuros‑
ciences cognitives, on fait souvent une approximation statistique grave :
on prend la corrélation pour une causation. Or nous ne voyons ici que
des activités corrélées à la lecture ou au calcul mental, ce qui ne veut pas
dire qu’elles en sont totalement responsables.
La première image montre l’hémisphère droit, la seconde, l’hémisphère
gauche, et la troisième est centrée sur le sillon intrapariétal gauche (l’aire à
la fois bleue et rouge, au cœur de l’image). Le sillon intrapariétal, que Dehaene
et Butterworth ont popularisé sous le nom de « bosse des maths » possède des
populations de neurones dont le rôle est essentiel dans l’arithmétique exacte.
Ces populations de neurones se trouvent dans les deux hémisphères. En fait,
si l’on regarde les activités « en bleu » (associées, ici, aux mathématiques), elles
apparaissent presque parfaitement symétriques sur les deux hémisphères.
Celles associées au langage, en revanche, ne le sont pas : en général, les
corrélats neuronaux du langage sont fortement latéralisés à gauche. Disons
pour simplifier que si les sillons intrapariétaux gauche et droit contribuent
à nos capacités de calcul, le sillon intrapariétal gauche est davantage sollicité
dans une tâche scolaire avec restitution du résultat, par écrit et par oral.
Il est clair qu’à l’école, l’accent est presque totalement mis sur les capaci‑
tés verbales des élèves, surtout en mathématiques, où un élève n’a aucun
point s’il parvient à résoudre un problème sans savoir en verbaliser la
démonstration. Comme notre cerveau sait faire des choses sans savoir les
1. En l’occurrence, langages européens. L’activation serait un peu différente pour
du chinois, par exemple, ou du coréen.
27
266687ILJ_CERVEAU_cs6_pc.indd 27 02/09/2016 14:38:56