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Les figurations d’hommes blessés ou lardés de traits, quelque sorte via cette volonté métaphysique : illustrer,
par exemple à Cosquer, évoquent clairement la perte sous toutes ses formes, l’harmonie entre l’homme et
provisoire du statut humain de l’officiant, temporai - la nature pour en tirer parti. Cette harmonie spirituelle,
rement « mort » ou soustrait à la société des humains, assortie de tous les mystères du mythe et du rituel,
comme le sont les chamans actuels. Enfin, la présence se manifeste par des voies plastiques d’une beauté
d’oiseaux renforce l’idée de transcendance du mes - superbe toujours perceptible. La qualité, immédia -
sage chamanique vers les forces surnaturelles. tement ressentie, d’un tel message révèle leur finesse
Reste le rôle assumé par ce chaman dans les sociétés et la profondeur de leur métaphysique en faisant abs -
paléolithiques, apparemment aussi multiple que dans traction de tout discours théorique, perpétuellement
les sociétés actuelles. Intermédiaire entre les forces remis à jour à travers la poursuite de nos propres
de la nature, il cherche à les capter, à les influencer et recherches et réflexions.
à les maîtriser au profit des humains lors de céré -
monies de guérison, de divination ou d’initiation. Il peut BIBLIOGRAPHIE
aussi chercher à garantir la prospérité ou l’accom - C LOTTES Jean, Pourquoi l’art préhistorique? Paris, Gallimard, 2011.
C LOTTES Jean et L EWIS -W ILLIAMS David, Les chamanes de la
plissement de vœux personnels ou collectifs. Dans ce
préhistoire. Texte intégral, polémiques et réponses, Paris, Seuil,
contexte, tous les messages plastiques restitués par 2007.
les arts, peints ou gravés, pouvaient reprendre leur L EROI -G OURHAN André, Les religions de la préhistoire, Paris,
Presses universitaires de France, 2006.
vie spirituelle, s’animer de l’esprit mythi que créateur
L EROI -G OURHAN André, Préhistoire de l’art occidental, Paris,
et rétablir le contact entre les forces invisibles qui Citadelles & Mazenod, 1995.
gouvernent ce monde et l’esprit humain en quête de L OT -F ALCK Éveline, Les rites de chasse chez les peuples
sibériens, Paris, Gallimard, 1953.
leur signification, de leur pouvoir et de leurs bienfaits. O TTE Marcel, Préhistoire des religions, Paris, Masson, 1997.
V ANHAEREN Marian, Les fonctions de la parure au
L’art, voix du passé Paléolithique supérieur : de l’individu à l’unité culturelle, Sarrebruck,
Éditions univer- sitaires européennes, 2010.
Les pratiques religieuses du Paléolithique supérieur
apparaissent certes variées et riches, mais toujours
structurées et cohérentes. Présentes pendant une
Homme tué, grotte Cosquer (Bouches-du-Rhône). L’homme,
trentaine de millénaires, elles traversent des ethnies
allongé sur le dos, bras (avec main) et jambe projetés vers le
distinctes aux traditions différentes qu’elles unifient en
haut, est traversé par une sorte d’énorme harpon.
© Jean
Clottes
VRPPDLUH
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