Page 39 - Lux in Nocte 14
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Crâne d’ours, grotte
                                                                                           Chauvet (Ardèche).
                                                                                           Le crâne d’ours a été
                                                                                           déposé sur la face
                                                                                           supérieure d’un gros
                                                                                           bloc rocheux sur
                                                                                           lequel un petit feu
                                                                                           a été fait il y a
                                                                                           environ 32000 ans.
                                                                                           © Jean Clottes



















             Le site du Mas d’Azil (Ariège) possède une disposition  Statuettes et représentations
             encore plus remarquable car un crâne intact y a été  humaines et animales
             découvert  avec  des  plaquettes  osseuses  dans  les  L’évocation humaine apparaît plus fréquemment sous
             orbites. Souvent, des ossements humains sont retrou  -  forme  de  rondes-bosses,  de  gravures  ou  de  bas-
             vés, répartis pêle-mêle sur les sols d’habitats : s’agit-il  reliefs que dans l’art pariétal peint. Les représentations
             alors de restes de cannibalisme rituel, fréquemment  féminines,  largement  majoritaires,  présentent  trois
             attesté  en  ethnographie?  Dans  la  grotte  d’Enlène  catégories strictement codifiées : les vulves, surtout
             (Ariège),  un  fragment  de  mandibule  humaine  était  dans l’Aurignacien en France ou le Gravettien russe,
             percé d’un trou et avait été porté comme pendeloque,
             comme le serait un trophée.
             Proche de l’homme par son alimentation et sa station
             debout, l’ours est mystérieux par son mode de vie,
             notamment  du  fait  de  son  hibernation  en  grottes.
             Présent  dès  le  Paléolithique  moyen,  son  culte  est
             universellement réparti dans les aires septentrionales
             du  monde  des  chasseurs  actuels :  Sibérie,  Japon,
             Amérique du Nord. Il semble correspondre à l’incar  -
             nation d’un défi entre l’homme et la nature dans sa
             forme la plus redoutable et la plus fréquente dans le
             monde réel. Cette espèce est par ailleurs fréquem  -
             ment représentée dans les arts les plus anciens et,
             en termes de vestiges matériels, sous la forme d’osse  -
             ments peints dans l’Aurignacien de Goyet (Belgique).
             Dans la grotte Chauvet (Ardèche), un crâne d’ours fut
             déposé  au  centre  d’une  grande  salle,  sur  un  bloc
             rocheux à la surface duquel un petit feu a été daté de
             plus de 30 000 ans. Dans un autre coin de la même
             grotte, deux humérus d’ours furent plantés dans le sol
             sur la moitié de leur hauteur, à une dizaine de mètres
             l’un de l’autre, chacun non loin d’un crâne d’ours.
                Aurochs, grotte de Lascaux (Dordogne), Magdalénien ancien,
                  18000 ans. L’image religieuse paléolithique induit toujours
                              une puissante émotion. © Aisa / Leemage



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