Page 31 - J'aime autant te hair

Brandon glapit quand je lui masse le poignet d’un geste machinal.
_ Ce n’est rien et qui vous donne le droit de me toucher comme ça ?
Semblable aux haïtiens, il prend refuge dans un auvent, quand le
ciel s’assombrit un peu. Je commence à le cerner avec le temps.

_ Si c’est votre façon de me remercier, eh bien j’accepte peu ou
prou. Je dis fermement.
Je ressens comme une pétarade imminente, nous allons encore nous
disputer, comme un vieux couple de glauques irlandais. Je vois combien
le besoin de se justifier le taraude. Il n’en fera rien.
_ Pour avoir su tirer Mesmin d’affaire, je vous invite à diner cette

nuit. Sa voix suave, comme jamais auparavant, vient troncher la question.
_ Dites-moi que je rêve ou bien, vous êtes tombé sur la tête ? Je
crois que la deuxième hypothèse est la bonne. Non merci.
_ Vos paroles ne me feront pas changer d’avis, je tiens à le faire
pour mon cousin.

_ Pour votre frère. Je roule les yeux au ciel, en poussant un soupir
d’exaspération.
_ Soit. Acceptez-vous de diner avec moi cette nuit ? S’enquit-il
poliment.
Bizarre, il ne cogne plus ?
_ Non quelle idée, vous et moi sommes ennemis je vous rappelle. Je
réponds, le visage pourpre.

_ Pas le temps d’une nuit. Si vous aviez un tant soit peu de respect,
pour l’homme qui est couché dans cette salle, veuillez adhérer à ma
proposition.
_ N’utilisez pas Mesmin pour m’atteindre, cette méthode est
pathétique, surtout venant de vous.

Je ne sais pas pourquoi la perspective de me retrouver sur la même
table que lui, m’horripile à ce point, mais une chose est sûre, je ne lui ferai
pas ce plaisir.
Sans dire un mot, Brandon déguerpit aussitôt. Je me sens un peu
minable. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Cet homme ne
représente rien à mes yeux. Un gâchis voilà tout. Quand je pense qu’on
aurait pu s’entendre. Je ramasse mes affaires et retourne à mon domicile,

en trombe.
Pendant presqu’une semaine, je n’ai plus reçu des nouvelles de
Zacharie. Mon ami commence à me manquer. Pourquoi est-ce si
compliqué à vivre maintenant ? Pourtant, je le voulais ainsi, du moins au
début. Mais j’ignorais que ça allait m’affecter autant. Corneille ne disait-il

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