Page 33 - J'aime autant te hair
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maternelle, ce binoclard en raffolait des grimoires. Je me suis rapprochée
de lui après que mon frère ait cassé une dent à César le bourreau. Depuis
ce jour nous passions tout notre temps ensembles, dans les bibliothèques
et les cinémas de la ville. Je l’aimais également, cependant Arthur devait
faire le premier pas. Mais pendant dix-sept ans rien ne se passa entre
nous. Il était mon seul confident voilà tout. Ce n’est que deux ans
auparavant, que nous échangeâmes notre premier baiser. Arthur n’était
plus le garçon coincé que je connaissais jadis. Avec autant d’assurance
que lors de cette nuit où il demanda ma main, nous passâmes aux ébats
amoureux à fleur de peau. J’avais vingt-quatre ans quand c’est arrivé,
donc une demoiselle qui connaissait fort bien la société des hommes.
Naturellement. Mais comme toujours les bonnes choses ont une fin.
Arthur demanda le divorce en seulement six mois de vie conjugale. Mon
prince charmant me trouvait dorénavant ennuyeuse, pour des raisons que
j’ignore cependant. On ne s’est plus jamais adressé la parole, jusqu’au
jour où son avion avait atterri à Paris. Il y a deux semaines, Arthur
m’expédia une carte sur laquelle sa nouvelle alliance était célébrée
comme le plus heureux évènement de la vie. Si je le porte encore dans ma
tête, car il se pourrait que les souvenirs restent graver à une paroi rocheuse
de mon cerveau, mon cœur quant à lui est sombre comme la tanière d’un
prédateur féroce.
On sonne à la porte. Je m’en vais ouvrir. Il n’y a personne de vue
sur un rayon de vingt mètres. Quand je retourne au salon, un colis est
emballé sur la table. Sans inscription au préalable. Je regarde autour de
moi. Vide. Mon portable vibre dans ma poche. Je prends cet appel
suspect.
_ Tu as reçu le cadeau ? Si ça te plait, tu devrais l’ouvrir
maintenant, au cas contraire vas faire un don aux pauvres.
Mais comment il arrive encore à se moquer de moi celui-là. Je
pousse un soupir d’agacement.
_ Brandon j’aurais dû me douter que c’était vous. Zach n’a pas
l’habitude de faire d’aussi désagréables surprises, tout ça manque
d’imagination. Pourquoi m’avoir expédié ce paquet ? Je demande frustrée
de ne pas le voir et lui balancer son colis à la figure.
Prostré sur une chaise roulante de son bureau, je l’imagine défaire le
nœud de sa cravate, un stylo coincé entre les doigts, alors qu’il effectue
des semi-rotations.
_ Ouvrez-le et vous verrez. Je passe vous prendre ce soir, ne soyez
pas en retard S.
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