Page 32 - J'aime autant te hair
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pas qu’on perd tout, lorsqu’on perd un ami fidèle ? Zacharie a laissé
comme un trou béant, dans mon cœur. Je l’ai peut-être un peu mérité.
Hier le Dr Andzé nous donna de bonnes nouvelles. Mesmin allait
s’en sortir. Et quand nous lui demandâmes ce qui l’avait poussé à opérer
ce policier :
‘Après l’accident, votre ami était admis aux urgences, pendant cinq
heures environ. Ensuite son état s’est rapidement détérioré, dans la nuit.
Après un examen par IRM, nous avions découvert qu’il avait souffert
d’une hémorragie entre le crâne et les méninges. Il fallait l’opérer pour
soulager la pression. Nous l’avons donc maintenu dans un coma artificiel,
pour permettre à son cerveau de récupérer. Cependant, il doit passer tous
les jours à l’hôpital pour faire une rééducation.’
Je referme mon vieux bouquin d’Amour Et Trahison. Son auteur
visiblement un garçon qui souffre de démence, peint à merveille les
frasques d’une jeunesse obnubilé, par le cycle infernal de la mort. Je
m’ennuie. Seule dans Brazzaville. Je crois que les fêtes mondaines entre
filles et mes disputes avec Brandon, forment sincèrement un cercle
vicieux. Ne dit-on pas que la routine tue ?
J’aurais appris de source fiable, que les Magnus sont partis en
expédition au Cabinda. Avec la découverte d’un puits de pétrole sur cette
partie de l’Angola, pas étonnant que Ron Magnus ait enrôlé ses fils dans
l’aventure.
La petite diode de mon beeper clignote frénétiquement. Dès que la
délicieuse odeur commence à se propager dans la cuisse, toutes les
papilles de mon corps se mettent en éveil. Je sors les cakes du four. Une
petite salade verte agrémentée de blancs de poulet cuits vapeur et tomates,
le tout coupé en petits dés, de céleri branche finement émincer et de grains
de maïs assaisonné avec une huile neutre, un jus de citron, du sel et du
poivre, font la recette. Marc Escayrol avait donc raison d’affirmer que,
l’astronomie est à la gastronomie ce que le solstice d’été est aux saucisses
de Strasbourg. Quoique je ne comprenne pas vraiment, si c’est une vanne
ou une réflexion mûrit.
Je range les assiettes dans l’évier. Une brise fraiche caresse mes
cheveux, lorsque la fenêtre est entrebâillée.
_ Vois un peu ce qu’est ma vie à présent. Dis-je en passant un coup
de chiffon sur une assiette. Un geste doux et fébrile, comme les riches
souvenirs que caressent mes pensées.
Arthur et moi sommes connus sur les bancs de l’école, au collège.
J’étais loin de m’imaginer que ce garçon timide, entretenait en secret cet
amour qu’il éprouvait à mon égard. Majeur de notre promotion depuis la
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