Page 74 - J'aime autant te hair
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                             Il se passe un temps fou avant que Brandon ne se décide à me
                      quitter. J’ai promis de lui acheter d’autres produits dopants, ce qui ne

                      parut guère le convenir. Je ne comprends pas sa logique, tantôt il veut
                      reprendre son dû, tantôt monsieur récuse mon offre. Après tout, c’est
                      Brandon, traduction un bipolaire qui n’a pas son pareil dans le monde.
                             Nous sommes tous les deux, sur le palier du quatrième étage, celui
                      de mon appartement. Les gens qui passent dans la courette, nous
                      observent avec emphase.

                             _ Bon il est déjà quinze heures, maintenant que l’affaire est résolue,
                      il faut que je m’en aille. Ne sois pas en retard pour demain, encore navré
                      d’avoir gâché ta fête.
                             _ De toute les façons, je rêvais d’une journée bien au chaud à la
                      maison.

                             Je réponds sans toutefois détacher mon regard de ce qui se passe en
                      bas. Les frères Magnus sont dans la rue, ils s’apprêtent à faire un
                      marathon, n’attendant plus que Samuel le benjamin de la famille qui
                      traine des semelles.
                             Davis me sourit comme à son ordinaire. J’agite le bras. Charles lui
                      fait une tape sur la tête, pour le forcer à se concentrer. Son attitude
                      m’exaspère. Mais il a ses habitudes, et on s’y habitue. Quelque chose ou

                      plutôt quelqu’un me sort de ma rêverie. Brandon n’a rien perdu de mon
                      moment d’égarement avec les Magnus. Et juste au moment où, Charles
                      pose enfin les yeux sur moi, Brandon se rapproche sans prévenir,
                      dommage je n’ai pas eu le temps d’esquiver son baiser. Je réagis aussitôt.
                             _ Pourquoi tu m’as embrassé ? Je suis toute confuse, les Magnus

                      ont dû nous voir.
                             _ Comme ça c’est tout. Au revoir Helena. Brandon me laisse à mes
                      milles et une réflexions.
                             Je jette un coup d’œil à la rue et remarque qu’elle est déserte. Sont-
                      ils partis avant ou après le baiser ? Je ne le saurai jamais. Comment ferais-
                      je ce soir ? Vais-je seulement pouvoir les regarder dans les yeux ? Je crois
                      que mon invitation à diner, vient d’être annulé. À nouveau seule sur le

                      balcon, j’effleure mes lèvres tout en pensant à la douceur des siennes.
                      Brandon me le paiera, il n’a pas le droit de jouer à sa guise avec mes
                      émotions.
                             La jalousie n’est souvent qu’un inquiet besoin de tyrannie appliquée
                      aux choses de l’amour. Je repense à cette pensée de Marcel Proust, qui

                      s’applique parfaitement au contexte.


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