Page 55 - Paul THUNISSEN
P. 55

Le principe de merchandising : Rétablir un rapport entre actifs et inactifs pour rétablir

              l'équilibre financier du système devient la norme (comme c'était le cas au moment de
              l’État-Protecteur). On remet au travail les personnes « pas trop malades » ou « pas trop

              vieilles »

              Le principe assuranciel : Avant, on avait droit au chômage parce qu'on était assuré. La

              présomption de l'Etat Assureur était que c'était un coup de malchance.  Aujourd'hui, on
              est présumé être un « tire au flan », ce qui en d’autres termes signifie que notre assureur

              (l'Onem) ne se contente plus du fait que nous soyons couverts par une assurance, mais

              exige que nous montrions notre « employabilité », terme de plus en plus en vogue.

              Le principe de l'identité collective : Jadis, les droits et garanties étaient les même pour

              tous, ce qui offrait la capacité collective de se mobiliser.  Aujourd'hui, l’État, sans notre
              consentement,  introduit  dans  les  dispositifs  de  sécurité  sociale,  une  série  de

              mécanismes propres aux contrats que l'on peut passer dans le commerce avec n'importe

              qui.

              Pourquoi le Revenu d’existence n’a-t-il pas été débattu plus souvent ?


              Depuis Paine, quelques philosophes et économistes ont toujours tenter de trouver une
              solution pour ralentir la paupérisation de la société, mais les politiques s’y opposaient

              farouchement jusqu’à ce que le phénomène prenne une ampleur planétaire.  Il y a deux

              raisons à cela : Notre mode de pensée et l’illusion d’après-guerre et les Golden Sixties.

              Le temps a façonné notre manière de penser. C'est ainsi que l’idée que nous puissions

              donner de l’argent à quelqu’un sans qu’il ne participe à la production des ressources
              n'est pas dans notre schéma.


              Au lendemain de la seconde guerre mondiale l'Europe a connu ce qu'il est convenu

              d'appeler « le plein emploi ». Il a permis de concevoir et d'affiner une protection sociale
              de qualité tout en évitant les problèmes d'intégration puisque tout le monde avait un

              emploi.

              L'Europe toute entière se trouvait dans un grand jardin d’Éden. On jouissait des retours

              financiers des colonies et de nos propres entreprises florissantes comme le charbon et
              l'acier, et des fleurons locaux garantissaient les emplois régionaux (le Val Saint Lambert,

              les dentelles de Bruxelles ou de Brugge, les porcelaines de Tournai, les étains hutois...).

              Les banques étaient encore Belges (Banque de Bruxelles, Banque Lambert, Banque


                                                            55
   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60